[FB] Toi + Moi = Moi ou Toi

Un nouveau solstice d’hiver de passé. Je ne voyais plus le temps s’écouler, j’avais l’impression que le dernier avait eu lieu il y a peu. Le travail à la tour était prenant, j’avais plus de responsabilité comme technicienne principale en plus du cercle et le temps me filait littéralement entre les doigts.
Mais cela avait du bon, je retrouvais mon Gaby plus vite que prévu en quelque sorte. 
 
J’avais regagné ma chambre d’enfant qui n’avait pas changé ou presque depuis toutes ces années. Varu avait refusé que l’on y touche ou change quoique ce soit en mon absence. J’ignore pourquoi, il n’était pas du genre nostalgique. 
Je retirais mes bottines neuves en grimaçant, mes pieds étaient douloureux d’avoir dansé toute la soirée. Je pestais contre moi qui me les étais imposées, c’était une très mauvaise idée finalement. 
Je n’avais pas de camériste à ma disposition ce soir, je devais me débrouiller, ma mère ayant donné congé a quelques domestiques pour l’occasion, il a fallu que cela tombe sur moi. Mais rien de grave, je faisais bien sans à la tour au quotidien. J’avais retiré ma robe de velours verte, défait mon chignon réalisé par la camériste de ma sœur Dorilys et rapidement, je me suis rafraichie. 
 
Après ma toilette, allongée sur mon lit, j’observais le plafond. Je laissais échapper mes pensées pour Arilinn, pour ceux qui ne rentraient pas chez leur famille et restaient là-bas. J’effaçais cela de mon esprit et soupirais en me redressant avant que je ne m’endorme. Raul-Gabriel devait avoir fini maintenant, je pourrais le rejoindre dans sa chambre comme nous en avons l’habitude après chaque soirée où nous nous retrouvons.
 
Je passais ma robe de chambre épaisse sur ma chemise de nuit et glissais mes pieds nus dans mes sandales fourrées. J’avais attaché mes cheveux dans une tresse réalisée à la hâte avant de sortir de ma chambre en direction de celle de mon très cher Gaby. Il n’y avait que quelques pas qui nous séparaient et j’avais effleuré son esprit  en entrant sans frapper.
L’odeur fleurie qui se dégageait dans toute la pièce suffisait à m’orienter vers la salle de bain où je pénétrais ensuite.
 
Je pensais que tu aurais déjà fini. J’avais oublié que tu étais toujours plus long que moi.
 
Dis-je en lui souriant avant de tirer un tabouret et m’installer à ses côtés pendant qu’il trempait. Et poursuivais d’un ton ironique. 
 
Ce solstice s’est plutôt bien passé, qu’en penses-tu ? Presque pas de remarques des parents. 


C'était devenu pour eux une espèce de tradition. Surtout pour Mama. Elle vieillissait mal selon moi.

 
 
 
 

Le jeune Hastur venait pour ainsi dire à peine de se relaxer dans la baignoire quand Il sentit le toucher doux de Sa Sœur tandis que celle-ci pénétrait dans son intimité et Il l’accueillit avec un Sourire qu’Il ne destinait qu’à Elle. Rayonnante était sa Présence !

Son Sourire s’accentua, Ses Yeux brillants de malice.

« Plus long, non… Mais je sais indubitablement mieux profiter de certains plaisirs que toi Bredilla Mia. »

Sa Sœur Chérie pouvait être si… Adorablement Sérieuse parfois. Qu’Elle s’installe près de Lui le ravissait et Il lui répondit d’un ton théâtralement mi-goguenard mi écœurement agacé.

« Mais ils ne peuvent pas s’empêcher d’ouvrir la bouche n’est-ce pas ? A croire que cela est nécessaire à leur survie, surtout mama avec ses-»

Raul-Gabriel s’arrêta subitement en clignant des yeux à l’arrivée précipitée de Tomas et suivit l’interaction entre Sa Sœur et lui. N’avait-il pas un serviteur des plus charmant ? Le voilà là à lui faire profiter des faits les plus croustillants et à prendre soin de Sa Sœur qui était il fallait bien le dire des plus mal coiffée présentement. Mais tout lui allait si bien ! Non, vraiment, Il ne pouvait qu’être Satisfait.

L’Hastur reprit d’un ton paresseux d’où ressortait une curiosité anticipative tandis qu’il reposait à nouveau sa tête en arrière à la vue de Sa Sœur armée de ses deux instruments préférés quand il s’agissait de s’attaquer à son frère. Nul doute que d’ici quelques instants, Son Visage serait vierge de tout maquillage. Il n’y avait bien qu’Elle et Son Serviteur pour encore connaître sa vraie apparence et s’en soucier.

« Oui Tomas, raconte-nous donc cela, que notre soirée soit réhaussée. »

Raul-Gabriel ferma les yeux pour laisser toute manœuvre au loisir de Sa Sœur. Ce jour pourrait très bien se terminer se dit-il et il souffla quelques mots à Sa Sœur.

Bien que je doute que n’importe quelle tenue puisse être plus horrible que la ride apparue sur le visage de notre Mère.

 
 
 
 
 
 

Bain fut donné, corps lavés et cheveux soigneusement démêlés et coiffés.
Chemises de nuits enfilées et vérité pour une nuit retrouvée.
Tomas livra le secret de cette femme aux atouts livrés aux regards, décolleté indécent pour une robe de bal désuète.
Frère et soeur échangèrent de longues heures durant leurs pensées et sentiments avant que ne vienne l'aube et un jour nouveau chez les Hastur.