[1 Aubrean 554] L'avenir c'est nous

J'avais passé une partie de l'hiver par monts et par vaux pour des raisons familiales. Des tractations par ci, des querelles de voisinage, une petite escarmouche, mais rien de transcendant ou qui risquait de faire évoluer la politique des montagnes. Depuis des années nous étions dans un statu-quo au sujet de Scathfell. Iarlaith nous avait dit avoir été contacté par Kelyan Scathfell son cousin. 

Rien n'était ressorti de cet entretien, Iarlaith n'avait pas voulu se mouiller dans ses échanges et en dépit de son statut d'héritier légitime il était plus simple d'être un vassal du Dom Aldaran en un sens sur ses terres avec sa famille.

Cela me travaillait comme d'autres choses. J'avais fait le tour de plusieurs familles car je ne comptais pas rester veuf. Au solstice j'aurais choisi une promise et je serai fiancé de nouveau. Néanmoins l'avenir n'était pas de mon seul fait et je voulais savoir ce que souhaitait Callista vraiment, pas ce que le devoir lui imposait.

J'avais attendu le soir, repas fut pris en famille et à la fin de ce dernier alors que se retiraient nos parents je l'ai conviée à prendre un cordial avec moi, pour parler.

Le retour de Dorian à la demeure familiale avait éclairé la journée de Callista. Non qu'elle se soit ennuyée sans sa présence mais elle s'inquiétait toujours à le savoir par monts et par vaux, quelque soit la saison. Elle ne devait pas être la seule à penser ainsi car elle avait eut l'impression de voir tout ceux hébergés par les Storn avec un renouveau dans l'enthousiasme.

Tous purent profiter des dernières nouvelles apportées par l'héritier de retour et Callista ne vit pas le temps passer jusqu'à ce que son frère lui propose de se joindre à lui avant que chacun ne gagne son lit. La Storn leur servit à tous deux un gobelet de cordial et vint s'asseoir sur un tabouret non loin de la cheminée.

Le dîner était bien plus vivant qu'en ton absence... Il ne faut pas que tu repartes en plein hiver, nous nous inquiétons encore plus que d'habitude. Même si tout le monde sait qu'il ne t'arrivera rien, bien entendu.

Elle finit avec un sourire amusé, tous deux savaient bien que rien n'était certain malheureusement.

Le repas avait été des plus plaisants et surtout des plus apaisants. Je mentirai si je disais que parcourir les montagnes ou les plaines me déplaisait. J’aimais la relative liberté dont je jouissais encore à l’heure actuelle. Elle n’était dûe cependant qu’à plusieurs facteurs très simples : j’avais une soeur en âge de procréer et un petit frère, je cherchais une épouse enfin ça c’était la version officielle… Bref je profitais de mes temps libres sans oublier l’important : la famille.

Nos parents partis nous étions seuls avec ma Callie. Je m’installais près d’elle et m’amusais de son inquiétude.

- Vraiment vous vous inquiétiez? Ou tu t’ennuyais tellement que j’en suis venu à te manquer? Sois honnête Callie. Pour ma part c’est bien l’esprit aiguisé de ma cadette qui m’a poussé à revenir sur nos terres alors que je n’ai pas encore entraperçu l’ombre de la perle rare qui héritera un jour de Storn.

Je soupirais malgré moi et me servis un verre d’alcool et demandais d'un geste ce que voulait ma cadette.

- Mais pour être plus honnête je me suis surtout dit que te laisser ainsi dans l’attente n’était ni bon ni sain. Je vais marier, quand et avec qui restent à déterminer mais cela viendra et au pire nous avons un frère. Mais dans cette histoire j’aimerais savoir ce que toi tu souhaites vraiment. Pas ce que notre éducation te demande, nous ne sommes que tous les deux et je crois qu’il est encore l’heure pour toi de faire des choix qui te sont propres car tu en as la possibilité.