Automne 553 - Les mystères de Hali

Après les festivités de Mabon, j'avais terminé nos achats à Neskaya. Nous avions eu des entrevues aussi avec Dom Orain Leynier, j'avais discuté de plusieurs affaires au nom de mon grand père le Dom Storn. Les discussions n'avaient pas abouti sur une alliance par mariage, Dom Orain ne souhaitait pas marier une de ses filles avec moi ou qui que ce soit dans les Hellers. Il avait pressenti que les tensions larvées risquaient de devenir plus pressentes et présentes aussi préférait-il pour l'heure rester dans les plaines.

J'avais réussi néanmoins à négocier des ventes d'armes issues de nos forges en échange d'un convoi de fourrage pour l'hiver pour nos gens. Ce n'était donc pas si mal.

J'aurais du rentrer mais une affaire d'importance me travaillait. J'avais donc laissé mes hommes et ceux d'Orain Leynier en escorte pour Storn. (Callista et Iarlaith rentrants eux aussi? ou pas selon vos envies).

J'avais donc pris la route de Hali, je ne voulais pas aller à la Tramontane pour des raisons politiques. Mon genome ne serait pas connu du gardien Delleray. Plusieurs jours de routes avaient été nécessaires avant que je n'arrive à la tour en construction.

J'étais entré dans la ville et m'étais rendu à l'auberge. J'y avais laissé mon cheval et pris un bain avant de me changer de propre. Mes vêtements de voyage laissés à une lavandière. Prêt, armé de ma maigre patience je dirigeais vers la tour en construction. Et arrivé aux portes de cette dernière inspirais profondément, réflexe primal avant de franchir cet angoissant voile.

Une fois franchi je sentis mes épaules qui se relâchaient. J'observais et attendis, ma présence était connu des membres de la tour, mon esprit perceptible. J'attendais qu'on vienne à ma rencontre.

J'étais dans l'enceinte de la tour, c'était fait, le plus dur pour mon orgueil était passé et je pouvais maintenant me concentrer sur la raison de ma venue en ce lieu mythique. J'attendais quand une jeune femme vêtue de la robe blanche des monitrices fit son apparition, pas une apprentie au moins, une bonne chose.

J'inclinais la tête respectueusement à son encontre.

- Ben dia vai leroni. Dorian Storn para servirte.

Avais-je besoin d'une leronis, pour le coup cela me semblait évident, je n'avais pas songé à une autre raison à ma présence dans l'enceinte d'une tour mais je doutais d'avoir fait le tour des possibilités.

- Oui j'aurais besoin d'expertise en effet. Je viens pour... C'est délicat d'en parler ainsi dans un couloir... Est-il possible d'aller ailleurs?

Si j'avais cogité j'aurais trouvé cela stupide dans une tour, tout se sait c'est ce qu'on dit mais peut-être que si on payait assez on pouvait obtenir une discrétion certaine?

La jeune femme semblait au moins savoir tenir son rôle, en avais-je douté? Oui j'avais peur qu'elle ne me parle de l'absence de secret dans les tours, ou un autre truc du genre mais visiblement j'étais chanceux ou totalement ignorant des vrais moeurs dans les tours.

Je la suivis donc sans parler, tout en observant les lieux malgré moi, pour ma part j'avais appris à contrôler mon laran avec la leroni familiale du domaine Storn, je n'avais pas eu besoin de plus. Et si je comprenais les bases du monitorage je n'étais pas doué du tout.

Je m'installais et voyais bien dans son regard la muette interrogation de pourquoi venir ici et pas à la Tramontane.

- Bien déjà merci à vous de m'octroyer du temps vai leroni.

La politesse et moi avions parfois du mal et je me sentais pas naturel ainsi mais il fallait que j'avance avec des pincettes.

- Voilà je viens vous trouver ici dans cette tour car... j'espère que ma requête restera dans l'enceinte de cette tour et ne partira pas dans celle de la Tramontane. N'ayez crainte cela n'est en rien quelque chose de mal, jusque que le jeu des châteaux, de la politique fait que j'ai besoin de discrétion. Bien sûr je paierai ce qui doit l'être pour obtenir la parole que ce qui m'amène ici restera ici.

Je ne plaisantais pas.

Je lui souris et tentais de le rassurer.


- Je vous en prie, vaï dom. Les gens des tours sont au service de ceux qui en ont besoin.

L'homme s'expliqua sur les circonstances qui l'avait poussé à franchir le voile. Il ne cachait pas qu'il était à la recherche d'une certaine discrétion sur ce qu'il venait quérir et proposait une somme coquette pour s'en assurer. J'écarquillais les yeux, un brin surprise par cette requête peu commune. Je commençais à avoir des appréhensions sur ce qu'il venait quérir. Etonnamment, il mit les pieds dans le plat, m'enjoignant à ne pas m'inquiéter. Je me tus un moment, tentant de trouver mes mots.

- Je vous promets je n'irai pas ébruiter les circonstances qui vous amènent ici. Vous êtes bien entendu libre de faire un don à la tour, si vous le souhaitez. En ce qui me concerne, je ne trahirai pas ma parole, quoi qu'il en soit.

Je posais mes mains sur la table, prenant mes aises. Il était plutôt impressionnant avec sa cicatrice sur le visage.

- Alors, maintenant que ces questions sont réglées... Dites-moi, comment puis-je vous aider ?

Ma curiosité était dès lors éveillée. Qu'est ce qu'il souhaitait tant cacher à la Tramontane ?

J'avais acquiescé à ses paroles, bien sûr que les tours oeuvraient pour ceux qui les sollicitaient mais je me devais d'être poli, même les montagnards l'avaient compris.

Je restais silencieux en écoutant la suite et je confirmais ses dires.

- Bien entendu, je ferai mon obole à la tour pour vos services cela va de soit.

Elle venait de m'assurer sa discrétion et il saurait rappeler qui que ce soit à l'ordre, elle était comyn, et une parole était précieuse, laranzu elle parlait au nom de sa tour. Politique, laran, tour, domaines, tout était toujours lié qu'on le veuille ou non!

Restait maintenant le moment d'expliquer la véritable raison de ma venue. J'inspirais et me lançais donc.

- Eh bien je suis donc Dorian Storn héritier du domaine, même si à l'heure actuelle mon grand père est Seigneur et qu'il a une santé de fer. Vous savez que l'avenir passe par les enfants et je n'en ai pas.

Je me tus un instant avant de poursuivre.

- J'ai été marié plusieurs années à ma défunte épouse Liana Castamir. Elle a perdu deux enfants morts nés, menés à terme cependant mais qui n'ont pas poussé de cri et sont morts à la naissance. La troisième grossesse a été fatale à ma femme et notre seconde fille. Voilà donc mon problème vai leroni, une sombre histoire de gènes.

Je cherchais dans ma besace une bourse de cuir que j'ouvris avec précaution pour en sortir enveloppée d'un mouchoir brodé de LC une mèche de cheveux blonds.

- Voici une mèche de cheveux de Liana. Et... je suis ici pour tout test qui semblera utile. J'ai besoin de savoir si le problème vient de moi ou si il était sien. Comprenez aussi le besoin de discrétion qui m'anime.

Son appréhension exsudait par tous ses pores. Les mains réunies, j'attendis respectueusement qu'il se décide et lorsqu'il se lança, je l'écoutais attentivement, notant dans un coin de mon esprit les mots qu'il choisissait d'utiliser. "L'avenir passe par les enfants...", en particulier, attira mon attention.

- Bien sûr...

Un nouveau silence s'installa, je sentais que c'était dur pour lui de se livrer. Les yeux baissés, je patientais sans dire quoi que ce soit. Lorsqu'il reprit son monologue, je l'écoutais sans le couper. Je compris qu'il avait perdu plusieurs enfants à naître ainsi que son épouse, tout ceci était bien triste en plus d'être fâcheux. Dorian Storn n'avait pas d'héritier ni visiblement de nedesto. Etonnant pour un homme de son âge. Je relevais les yeux vers lui, malgré tout impressionnée. Il lui avait fallu du courage pour admettre qu'il puisse à l'origine du problème, la démarche n'avait pas dû être facile. 

- Croyez bien que je suis navrée, vaï dom. 

Il prit une bourse en cuir qu'il ouvrit pour en sortir un fin mouchoir brodé qu'il déplia délicatement. Soulevant le tissu, quelques cheveux blonds parurent à la lumière, je compris qu'il s'agissait de ceux de sa défunte femme. Je croisais fugitivement son regard, j'avais compris.

- Eh bien, je crois que j'ai tout ce qu'il me faut. Je comprends très bien les enjeux de la situation. 

Je lui souris gentiment alors qu'il revenait encore une fois sur son besoin de discrétion. Je hochais de la tête comme pour appuyer mes propos.

- Comme je vous l'ai dit, je serai discrète. Je comprends très bien les raisons qui vous ont poussé à venir ici.

D'une main alerte, je pris la pierre étoile rangée dans le petit sachet de soie à mon cou.

- Si vous le voulez bien, commençons par vous. Je vais devoir vous monitorer pour tenter de trouver si un gène pourrait être à l'origine du problème.

Je lui jetais un coup d'œil pour m'assurer qu'il avait bien compris. Sans plus attendre, je jetais mon regard dans les profondeurs bleutées de la matrice qui s'illumina à mesure que mon esprit entrait en communion avec ses résonnances. Je commençais la monitorage, plongeant de plus en plus profondément, observant le fonctionnement des organes pour vérifier si tout allait bien. Je poursuivis, mon esprit plongea plus loin, vers l'intimité de ses cellules, à la recherche de quelque chose qui attirerait mon attention.

Avouer sa faiblesse, ses peurs, à une inconnue, quand bien même elle fut dans l’enceinte d’une tour n’était pas une chose simple, d’autant plus quand on était un homme plutôt basique comme moi. J’avais des convictions sur notre monde, sur comment il devait tourner et comment les choses devaient se dérouler. J’avais tout fait comme je le devais. J’avais pris épouse, je l’avais mise enceinte par trois fois, j’avais aussi engrossé je le savais des servantes, mais le constat était assez éloquent, je n’avais pas d’enfant vivant. Et ma crainte était de porter l’opprobe sur ma famille et surtout de devoir faire porter le poids de l’héritier sur les épaules de ma soeur.

Le silence était pesant mais je n’avais pas envie de faire la conversation pour le plaisir, c’était trop… dur.

J’avais hoché la tête lorsqu’elle avait présenté ses condoléances, partageant probablement la compréhension de la douleur de ce que ressentait un homme sans enfant? Non , celle de la mort tout simplement, nous parlions de morts semées par moi, cela était mon fait, ma responsabilité.

Elle avait pris la mèche de cheveux et malgré moi j’avais eu un geste que j’avais réprimé, comme si donner cette mèche allait effacer les années passées au côté de Lyana. Je n’étais pas amoureux, je m’en défendrai probablement jusqu’à la mort mais je l’appréciais, son courage surtout. Et j’avais aimé glisser mes doigts dans son opulente chevelure blonde.

Je secouais la tête, ce n’était ni le lieu ni le moment de songer à ce genre de choses intimes.

J’ai confiance en vous vai leroni.

Et c’était la vérité, je ne serai pas venu sinon, je comptais la dessus. Elle annonça qu’elle allait me monitorer, je connaissais les bases alors je fermais les yeux par réflexe.

Je ne bouge pas et je ne regarde pas votre matrice.

J’avais malgré tout le fol espoir que le problème vint de Lyana, qu’elle eut une impossibilité de mener à terme une grossesse viable, espoir quand tu nous tiens.

Octavia sortit de sa chambre pour rejoindre sa cousine Irmelin et discuter des derniers travaux en cours à la Tour. Mais elle fut surprise de ne pas la retrouver dans la salle de repos. Elle se dit qu'elle devait être aux latrines et attendit un peu... mais Irmelin se faisait attendre. Et à sa connaissance, sa cousine n'avait pas de problème de transit en ce moment, donc elle devait être ailleurs ! 

Octavia commença à déambuler dans les couloirs, attentive aux bruits éventuels qui pourrait indiquer la présence de sa parente. C'est alors qu'elle entendit la fin du dialogue entre celle-ci et un homme dont la voix lui semblait légèrement familière, certainement aux fêtes de Mabon. Elle les laissa finir puis entamer le processus de monitorage puis entra discrètement, sans les déranger. 

Elle les observait et attendait patiemment qu'ils en aient fini.

L'homme est très coopératif en dépit de la situation que je pressens compliquée sur un plan plus personnel. Je lui souris gentiment avant de me plonger dans la tâche à accomplir. Le monitorage m'apprend qu'il est en bonne santé, de constitution robuste. Je prends le temps de jeter un coup d'oeil sur ses canaux qui brillent légèrement, leur flux est parfaitement fluide. Il n'y a rien de plus à observer de ce côté alors je décide de reporter mon attention sur ses cellules plus en détail, portant particulièrement mon attention sur le matériel génétique qu'elles contiennent. Rapidement, je reviens vers lui. Il attend, le regard détourné. Je m'aperçois que Octavia est entrée dans la pièce. Elle nous observe, le regard vigilant. Je lui souris, légèrement interrogative sur les raisons de sa venue, avant de revenir vers Dorian Storn qui patiente.

- Je n'ai rien vu de particulier mais...

Je jette un regard à Octavia. Au regard de la situation, elle tombe on ne peu mieux ! 

- Si vous le permettez, j'aimerais que ma cousine vous monitore également. Je sais que je vous demande beaucoup mais... Son dona est particulier et je le crois, tout à fait approprié au regard de ce qui vous amène aujourd'hui. 

Je le questionne du regard.

J’étais dans cette pièce, pas franchement à mon aise, je restais impassible autant que faire se pouvait surtout. Quand la porte s’ouvrit, une autre jeune fille en fleur à mes yeux. Plutôt avenante, comme celle qui s’occupait de mon cas en un sens. J'incline la tête à son entrée, elle portait elle aussi la robe blanche des monitrices. Elle avait du être appelée par sa collègue.

La jeune Aillard en a terminé, elle range sa matrice et me regarde, ma respiration est en suspens, mes yeux rivés sur ses lèvres pour peut-être en mieux saisir ce qu’elle va me dire, j’ai l’impression que mon destin git entre ses mains, quelle horrible sensation d’être impuissant.

- Bien bien.

Si elle n’a rien vu de particulier c’est que cela ne vient pas de moi?

Je n’ai pas le temps d’en dire plus qu’elle m’explique que sa collègue a un don spécial, plus approprié. Je hausse un sourcil interrogatif. On attend mon aval visiblement.

- Eh bien si vous pensez que votre collègue peut m’aider à comprendre, je ne vais pas refuser son aide, intervention enfin… qu’elle regarde à son tour mes gênes en somme c’est l’idée?

Je ne savais pas finalement si c’était une bonne chose.

- Dorian Storn su serva vai leroni.

Je n’ajoutais rien, elle devait déjà savoir pourquoi j’étais là, dans les tours, les informations circulaient aussi vite que la pensée après tout.

Il a compris. 

- C'est exactement ça ! Octavia voit les choses très en détail, elle pourra certainement vous donner une réponse très détaillée.

L'homme salue ma cousine qui se montre étrangement silencieuse. Je lui lance un regard pour l'inciter à s'approcher, finissant par prendre la mèche de cheveux blonds rangés dans la bourse en cuir.

- Si vous voulez bien, je vais poursuivre avec la mèche de cheveux de feue votre épouse... 

Je prends la mèche avec un sourire d'excuse et baisse mon regard vers ma pierre étoile. Mon esprit plonge vers les cellules à la recherche d'anomalies. Je prends un temps indéfini à étudier les séquences des gènes.

Octavia attendait qu'Irmelin en ait fini avec son patient. Elle s'approcha puis, à l'énoncé de son nom, elle inclina respectueusement la tête dans sa direction, un sourire timide aux lèvres

- Enchantée Dorian Storn. Je suis Octavia Aillard, et qui plus est, la cousine d'Irmelin. Comme elle vous l'a indiqué, je peux regarder vos gênes mais je ne vous garantis pas qu'un diagnostic puisse être posé. Mais sans essayer, nous n'aurons jamais la réponse alors nous allons le tenter ensemble. C'est totalement indolore. Vous sentirez certainement ma présence mais ce sera tout. Pour éviter d'être influencée, je ne sais pas ce qui vous amène et je ne souhaite pas le savoir. Ainsi, après mon observation et mes remarques, nous pourrons mettre en commun toutes les informations et voir ce qu'il en ressort. 

Sans attendre la réponse de Dorian, et se sentant désormais totalement dans son élément, Octavia s'installe à côté de Dorian et sort sa pierre étoile. 

- Je commence, désormais ! 

Elle se plonge alors dans les méandres de sa pierre étoile, et sent immédiatement la présence d'Irmelin et de Dorian. Elle envoie une pensée attendrie en directement d'Irmelin puis se focalise entièrement sur le corps physique de Dorian. Puis laisse les habitudes de la pratique l'emporter au plus profond, vers ces petits cubes qu'elle commence à bien connaitre. Elle y arrive au bout de quelques minutes et écarte mécaniquement ceux qui sont denses pour se concentrer sur ceux qui sont cristallins. D'abord un inventaire quantitatif puis viendra l'inventaire qualitatif et les anomalies éventuelles...

Eh bien ma foi si la jeune rousse voyait bien en détail, je n’avais rien à redire à son intervention. Surtout que bon, j’avais deux jolies jeunes demoiselles rien que pour moi en ces instants de calme privilégiés non? Cela me fit sourire, j’étais con parfois, parfois seulement.

Je restais donc calme, ce n’était pas quelque chose de compliqué à réaliser de fait. Je n’avais qu’à attendre et écouter leurs conclusions. Ce que dit la seconde m’interpella un instant… Si elle ne savait rien, pourquoi elle était venue dans cette pièce? Je haussais un sourcil interrogateur pour moi même, non laisse tomber Dorian, tu te prends la tête pour rien.

- Eh bien deux Aillard bien loin de leur domaine maternel dites donc.

J’ai failli ajouter une connerie sur la raison de leur éloignement, mais je l’ai gardé bien haut derrière mes barrières.

Bon bah une des deux étudiait les cheveux de Liana, la seconde scrutait mes gênes, tout allait pour le mieux, je n’avais qu’à attendre et surtout j’espérais entendre que cela venait de ma défunte épouse même si j’en doutais… Je n’avais aucun nedesto vivant, même les quelques servantes mises en cloque avaient perdu les enfants à naître. Autant dire que j'étais personna non grata dans le lit de beaucoup, la crainte d'un enfant mort né était grande et légitime.

 
 

Octavia perçut la rugosité de certains cubes cristallins. Ce n'était pas habituel et c'était bien la 1ère fois qu'elle rencontrait cette texture. Maintenant qu'elle avait trouvé ce qui semblait ne pas aller, il fallait reprendre par le début. Elle décida de commencer par une vue d'ensemble des cubes cristallins et donc du Laran de Dorian. 

La quantité de cubes cristallins, la proportion par "couleur"... Puis une analyse des cubes rugueux. Etaient-ils limités à une zone de l'ensemble, à une couleur particulière et quelle en était la quantité / proportion. Elle se demanda néanmoins si ce travail allait pouvoir aboutir ou si elle avait fatiguer avant et devoir rompre le contact. Mais tout ce mystère la motivait et la poussait à poursuivre avec entrain.

Sa réflexion est juste. 

- Vous avez raison, Daleureuth est bien loin d'ici... Le changement ne fait pas de mal, encore plus lorsque qu'il conduit à Hali. J'aime beaucoup cet endroit.

Je lui souris avant de plonger mon regard une seconde fois dans ma pierre étoile dans le but d'observer la mèche de cheveux de la défunte. Il traverse les cuticules, le canal médullaire jusqu’à la matrice du poil capillaire. Là, le noyau me permet de trouver ce que je cherche, l’ordre d’enchainement d’un fragment d’ADN. Je ne remarque rien d'anormal. Il n'y a aucun anomalie du côté de l'épouse décédée, rien qui ne puisse expliquer des grossesses avortées... Consciencieuse, je vérifie une seconde fois. Il y a des traces de carences... Hum... Les analysant, je réalise qu'elles sont assez importantes, égales à celles de personnes indigentes. Elle n'était pas au mieux de sa forme à la fin de sa vie. Cela est déjà nettement plus intrigant ! L'homme qui me fait face est issu d'un royaume reconnu, il a un statut et du cuivre, c'est évident. Au vu de son attitude quand je lui ai réclamé la mèche de cheveux, je sais qu'il n'a pas négligé sa femme. Alors quoi ? Des essais trop répétés pour offrir un héritier à Storn avaient-ils pu épuiser cette femme à ce point ? Je sais qu'elle n'était pas porteuse d'un gène à risque, par contre le lien entre les carences et les fausses couches répétées n'est pas à écarter...  Consciencieuse, je vérifie une seconde fois et puis, je reviens. L'homme est toujours assis face à moi avec son calme apparent. Son regard vigilant exprime toutefois tout autre chose... Près de moi, Octavia est toujours penchée sur sa pierre. J'en suis surprise, quelque chose aurait-il attiré son attention pour qu'elle prenne autant de temps ? Gardant mes réflexions pour moi, je tends à Dorian Storn la mèche de cheveux avec un léger sourire. 

- Si vous le permettez, je préfère attendre que Octavia ait terminé son examen, cela ne devrait plus tarder.

Je n'attends pas plus pour ranger ma pierre étoile dans son sachet de soie. Le silence est pesant et je le sens tendu, je tente une petite discussion.

- Je crois que nous venons des endroits les plus éloignés de Ténébreuse... j'ai bien du mal à imaginer ce à quoi ressemble votre domaine.

Ils ne pouvaient pas être plus différents.

[HJ : Post édité le 22/02]

Je ne bougeais toujours pas, limite je retenais ma respiration, je faisais tout pour que cela se passe vite et bien, j’avais besoin d’avoir des réponses. La jeune Irmelin reprit la parole, son travail à elle terminé.

- Tant mieux en ce cas si le changement d’air vous est profitable, vu que vous vouez vos vies aux tours autant le faire et l’apprécier.

Par contre le fait qu’elle ne veuille pas me parler de ce qu’elle voyait dans les cheveux de Lyana, me laissait un goût étrange, qu’est ce que cela signifiait? Lyana avait un souci ou moi? Ou nous deux ou étions nous seulement malchanceux comme beaucoup? Je me posais des questions pour rien probablement alors malgré moi je soupirais et bougeais un peu pour dénouer les tensions de mes épaules.

- Attendons en ce cas que votre collègue en ait terminé avec moi si on peut le dire ainsi.

Reprenant sur un sujet plus léger, mes montagnes je souris doucement.

- Eh bien Storn est aux confins des Hellers, le mur autour du monde est proche et infranchissable. Il y a de la neige chez moi neuf mois sur dix pratiquement. Nous pouvons élever du bétail mais les cultures sont impossibles pratiquement.[/color]

- Je suis d'accord avec vous. Un changement bienvenu dans mon existence.

J'appréciais mes collègues et plus encore Ranald et Emun. Rien à voir avec Daleureuth où, je le réalise maintenant, je rasais les murs.

Il avait compris et je hoche la tête.

- Je trouve plus correct d'attendre qu'elle ait terminé. Qui plus est, l'échange sera plus constructif.

Le sujet lui dessina un sourire sur le visage, j'avais bien fait d'en parler. Il me confirma ce que Emun avait pu me dire sur Storn. C'était un domaine haut perché dans les Hellers à tel point qu'il y neaigeait quasi tout le temps. L'idée me fit frémir. J'étais tellement contente de ne pas avoir été affectée à la Tramontane !

- J'ai un collègue qui m'en a un peu parlé. L'avantage des tours est qu'on y rencontre des gens venant de tous horizons...

Les conditions de vie doivent y être plus rudes, sans doute la raison de sa robuste constitution et de son cœur vigoureux. Le monitorage m'a appris plus de choses que nos échanges.

- J'espère qu'un jour je pourrais les voir. Il parait qu'elles sont si hautes qu'elles semblent toucher le ciel...

Pour @Irmelin Aillard , la mèche de cheveux, sa  structure est tout à fait normale. A la seconde, peut être plus minutieuse, elle trouva quelques carences dû simplement à la vie sur Ténébreuse mais d'autres plus importantes que l'on retrouvaient plutôt chez les indigents. Hors le Storn, sauf s'il apportait de mauvais traitements à son épouse, ne semblait pas faire parti de cette catégorie de personnes. La jeune monitrice pouvait conclure que l'épouse ne devait pas être dans sa plus grande forme au moins dans les derniers jours de sa vie.

@Octavia Aillard, après le tri des cubes par couleur, elle put conclure que leur quantité était normale. Même pour les cubes opaques. Leur surface rugueuse n'était pas très épaisse, mais suffisante pour rendre l'accès à l'intérieur plus compliqué et demandait plus d'effort pour l'analyse. Le second soucis, une fois la couche rugueuse traversée, était l'opacité qui concernait au moins la moitié du cube avant de retrouver la couleur cristalline jusqu'au coeur.

En cherchant, en analysant dans tous les sens, Octavia ne pouvait rien affirmer avec cette seule analyse, simplement que le problème du Storn pouvait venir de cette anomalie. Mais que pouvait-elle bien provoquer? Après tout, il faut être deux pour concevoir un enfant, non ?


Note  @Irmelin Aillard : Désolée, je viens de me rendre compte que j'avais oublié des détails dans mon dernier post. Corrigé ici... 

Je hochais la tête, ne connaissant pas les tenants et aboutissants en réalité de toute cette histoire de changement de tour, pour moi elles étaient toutes similaires à leur localisation près.

- C’est pour le meilleur des mondes en ce cas le changement pour vous.

Et j’étais sincère, j’étais du genre bourru, un peu con, mais pas fondamentalement méchant. Je comprenais le point de vue d’Irmelin, nous allions attendre que la seconde leronin en ait terminé avec son analyse. Cela me semblait durer une éternité, je n’étais pas d’un naturel patient et savoir qu’elle m’étudiait sous toutes les coutures, au niveau… quel niveau d’ailleurs ? Génétique? C’était le mot oui mais qu’est-ce que cela voulait dire en réalité? Que je n’y connaissais rien surtout.

Elle me parla ensuite des mélanges, des gens venants de tous les horizons, oui c’était utile pour asseoir les gènes de certaines familles, ça je l’avais compris mais pour le reste. Avait-on les mêmes centres d'intérêts?

- Elles peuvent effrayer et les gens des plaines ont parfois ce qu’on appelle le mal des montagnes. Quand on monte à Storn, on manque d’air et enfin d'oxygène, la respiration est difficile et il faut savoir mesurer ses efforts. Les maux de têtes sont violents et parfois certains délirent même. C’est aussi ce qui nous protège des attaques des gens des plaines, ils ne peuvent venir chez nous sans être malades.

Après que pourraient-ils vouloir à part nos minerais?

Ayant fini d'observer les cubes et ne voyant pas ce qu'elle pouvait faire de plus à ce stade, Octavia quitta la transe pour revenir à la réalité. Le temps de retrouver ses esprits et de laisser les 2 jeunes finir leur conversation, elle réussit à ordonner ses pensées.

- Il y a bien quelque chose qui sort du commun dans ce qui constitue ton laran, mais à ce stade, je ne sais pas de quoi il en retourne. Peux-tu m'en dire plus Eduin sur ce qui t'amène ici et sur ce qui ne va pas ? Peut-être qu'en assemblant tous ensemble les morceaux, on aura une vision d'ensemble du problème

Le temps m'avait semblé particulièrement long, c'était bien naturel au demeurant, je venais ici et j'avais l'impression de jouer mon avenir, celui d'héritier au final. Car si il devait s'avérer que j'étais voué à ne jamais pouvoir engendrer d'héritier à quoi donc pouvais-je servir? C'est ma cadette Callista qui porterait le fardeau de transmettre nos gênes, en espérant, qu'elle ne fut pas affublée de la même potentielle tare que moi. Car le temps passant je me demandais vraiment ce qu'il en était.

Enfin, la seconde jeune fille ouvrit les yeux et rangea sa matrice un instant avant de parler. Bien malgré moi je ne pus m'empêcher de répondre.

- Dorian Storn, je ne sais pas qui est Eduin vai leroni.

C'était futile mais mon nom était quelque chose de précieux, qui avait du sens et de la valeur à mes yeux.

J'avais bien écouté mais pourtant je n'avais pas compris ou entendu de réponse qui me satisfasse, que voulait-elle dre?

- Pourquoi je suis ici?

Je pensais qu'elle le savait que la seconde, Irmelin le lui avait dit, qu'elles avaient échangé entre elles par la pensée comme le font tous les télépathes de ténébreuse, mais non visiblement, je devais encore m'expliquer, comme si cela n'avait pas déjà été humiliant une première fois.

- Je suis l'héritier des Storn et je n'ai nul enfant vivant connu à ce jour. Tous sont morts nés ou pas arrivés à terme et mon épouse est morte à sa troisième grossesse. Ma question est, est-ce une fatalité? Ou un conflit génétique avec elle?