Si Arilinn m'était conté [Eanair 554]

Le solstice venait de se terminer, @Rosalys Hastur l'avait passé dans sa famille aux côtés de son jumeau. Solstice des plus agités et qui posait plus de questions qu'autre chose. Mikhail avait failli perdre la vie, enfin sa vie avait été en danger, son frère aîné s'était marié, et d'autres choses moins visibles avaient eu lieu.

Mabon s'était envolée depuis presque quatre mois maintenant et le temps avait suspendu son cours. Temps étrange que celui qui s'était déroulé dans la tour d'Arilinn.


Après dix ans sans mot, sans parole, uniquement avec des gestes de-ci delà et des sourires, un baiser avait changé les choses. Le gardien d'Arilinn et sa puissante technicienne son ombre ne savaient plus vraiment comment se comporter l'un envers l'autre. Travail, cercle, laboratoire, les apprentis, ce fut le quotidien des deux jeunes gens à la tour, fuyant leurs propres sentiments.

La nuit était tombée et une séance de cercle éprouvante avait lieu le lendemain, les travailleurs étaient partis dormir à l'exception de ceux dans les relais. Le calme régnait dans la tour. Rosalys ne faisait pas exception à la règle et elle s'était retirée dans sa cellule.

Des pas légers dans le couloir, une présence très connue et pourtant trop distante depuis Mabon approchait. Ethan venait frapper à sa porte.

Ethan pouvait lire dans le regard de son amie qu’elle était déjà en train de passer en revue chaque apprenti, chaque travailleur, qui avait pu faire quoi et pourquoi cela n’avait pas été comme il le fallait. Etait-ce encore l’oeuvre de la gentille mais catastrophe ambulante Ardais? Etait-ce l’étrange autre partie de chieri qui se perdait dans sa nouvelle nature? Ou encore Rafael qui avait déblatéré on ne sait trop quoi sur on ne savait pas trop qui?

Rien de tout cela en réalité, aussi la question pleine d’inquiétude de sa moitié lui fit naître un doux sourire.

- Non rassures toi, tout va bien, la Tour devrait tenir debout encore longtemps visiblement.

D’un signe de main il désigna la chambre de Roz.

- Est-ce que je peux rentrer? Je te mettrai moi même du baume après avoir vérifié que les cellules sont correctement soignées et qu’il n’y en a pas de maligne qui pourraient contaminer les autres?

C’était le risque des produits manipulés, bien sûr que Roz savait faire ce genre de choses, mais il voulait être sûr et peut-être avoir ainsi une excuse pour entrer et pouvoir refermer la porte sur eux sans que personne ne se pose de question. Même si en réalité c’était lui qui s’en posait à n’en plus dormir depuis des semaines et pas les autres membres de sa tour.

 
 

 

Ethan observa Rosalys avant de finalement sourire, épaules presque baissées en signe de défaite en général.

- Ne comptes-tu pas m’aider un peu ce jour? Je sais que … Enfin nous sommes restés comme nous l’avons toujours été avant Mabon depuis notre retour. Ni plus ni moins. Ni toi ni moi n’avons jamais pris deux minutes pour penser à autre chose que notre rôle, notre travail et.. Tes mains sont l’excuse qui m’offre l’opportunité de venir près de toi.

Il en aurait presque soupiré de dépit, il ne savait pas comment faire, ni quoi dire, l’avait-il d’ailleurs jamais su? Non. Mais il en ressentait le besoin, les non dits, les voiles sur leurs sentiments étaient de mauvaises choses, c’était voué à la catastrophe et sans Mabon il avait décidé de prendre à son tour les devants.

La porte s’était refermée derrière lui avant même le début de sa tirade. La petite chambre de Rosalys serait le sanctuaire de leurs pensées.

Il invita Rosalys à s’installer sur le lit et prit place sur la chaise, il allait néanmoins vérifier l’état de la peau supérieure mais aussi des couches inférieures, les matières utilisés rongeaient parfois profondément la peau et abimait la matrice. Tout en faisant cela avec soin il contacta Ros par la pensée.

- Ce serait mentir que de dire que je n'ai pas songé aux baisers échangés. La douceur de tes lèvres me hante littéralement Ros et je sais avoir le choix qu'il fallait pour mon avenir. Mais veux-tu que je fasse partie du tien? Ou était-ce un égarement d'un soir de fête?

Il ne savait plus à quelle déesse se vouer en réalité.

Je restais un instant interdite. Rassemblant rapidement dans mon esprit ses mots. J’étais trop focalisée sur mon travail qui ne pouvait être que la raison de sa venue et je l’avais cru lorsqu’il parlait que de mes brûlures alors qu’elles n’étaient qu’un prétexte. 
Sur mon visage et pour la seconde fois, l’étonnement pouvait se lire, de voir Ethan dépité après avoir fait cet effort. Nous étions encore une fois passés à côté de nous sans nous voir. 
 
- Nous avons pris l’habitude de nous laisser aspirer par le travail, le temps nous prend, nous ne l’avons jamais pris tous les deux avant… 
 
Avant Mabon, c’était bien la première fois que nous prenions un instant pour nous. Si j’avais pris le temps de lever les yeux sur lui, aurai-je remarqué cette détresse ?
Je me suis installée sur le lit alors qu’il prenait la chaise et mes mains pour les vérifier malgré tout, il me contacta mentalement.
 
Ses mots me touchèrent profondément et trouvèrent leur écho. Certaine personne peuvent choisir de s’aimer chaque jour de leur vie, de faire les efforts qu’il fallait pour y arriver. Mais qui peut dire que la vie, le destin lui a réservé le plus rare des accomplissements, celui de trouver sa véritable âme sœur ? Etait-ce la même chose pour lui ? 
 
- Tu ne soupçonnes pas toute la douleur quotidienne d’être dans la même pièce que celui qui est ma raison d’être, de sentir malgré tout qu’un mur autour du monde nous sépare. De nos regards volés, aux caresses déguisées. Quand nos échanges se résument à de modestes sourires et de faire en sorte que personne ne les remarques. Cela demande du courage Ethan, que d’aller au delà des mots…
 
… De nos désirs. Il n’y avait aucun égarement pour ma part. 
 

- Quand comprendras-tu que mon avenir est gravé au tien ?

Ethan ne savait vraiment pas ou il mettait les pieds pour la première fois de sa vie. Il avait eu beau réfléchir, analyser, envisager, expérimenter un nombre incalculable de futurs il n’avait pas réussi à obtenir les réponses qu’il espérait. La raison en était simple au demeurant, il ne savait pas analyser les sentiments. Autant il ressentait les émotions de tous, pouvait les bloquer, les partager, à sa guise, autant les élans simples du cœur demeurent un mystère pour lui.

Rosalys avec ses mots rendit un echo simple de ce que la vie avait fait d’eux, des ombres qui s’épuisaient au travail sans même songer à leur propre personne, leurs sentiments.

Il en avait terminé avec les mains de sa douce, elles allaient bien, elle avait raison cela allait de soit.

Néanmoins il ne pouvait se résoudre à les libérer et les gardaient dans les siennes après en avoir fini avec le baume pour soulager les douleurs et surtout aider à finaliser la cicatrisation.

La suite vibra au plus profond de son être, ils étaient tellement pareils mais pourquoi n’avait-elle pas bougé elle? Elle était humaine, c’était forcément plus simple de gérer ces sentiments, plus…rapide? Non il devait se rendre à l’évidence, ce n’était jamais simple.

- J’ai du courage à revendre Rosalys, si aller dans le couloirs huler l’amour que je te porte était la solution alors je le ferai sans même hésiter mais ce n’est pas tant cela le souci qui m’arrête. J’ai promis et les promesses sont des serments sacrés à mes yeux. Je ne peux devenir ton amant comme tous les font à la tour, changeant même de partenaire selon les lunes et leurs envies du moment. Il n’est pas question de cela entre nous car tu es la moitié de mon âme, et il en sera toujours ainsi.

Oh il savait que leurs destins étaient liés, et d’autres le savaient et en avait déjà joué mais telle n’était pas la question ce soir là. Il avait prit une décision et il avait besoin de son consentement.

- Carya mia, tu es l’étoile qui brille pour moi chaque nuit, sans toi je manque d’air et je ne peux vivre pleinement et j’ai besoin que tu restes à mes côtés pour toujours et la tour n’est pas une protection suffisante. J’ai promis d’être honorable envers vous. Tu es née Hastur et je ne vois qu’un moyen de me montrer à la hauteur de mes promesses.

Le silence s'installa de longues secondes avant qu'il ne demande en un murmure empli d'espoir.

- Laisse moi demander à ton père une union di catenas.

Après avoir sondé mes mains, il avait appliqué le baume et je l’avais laissé faire. Une fois cela terminé, il ne les avait lâchées, je ne les avais pas retirées non plus pour entrelacer mes doigts aux siens. 
Il me faisait sa déclaration en quelque sorte. Nombreuses étaient celles qui souhaiteraient en entendre de pareilles choses mais ne n’étais pas certaine de comprendre les motivations d’Ethan.
 
Je me souvenais aussi de cette promesse faite lorsque nous étions enfants, des paroles innocentes, des paroles d’adultes répétées sans que je n’en comprenne réellement le sens. Si il devait en avoir un ce soir, c’était uniquement par mon statut, ce rôle joué pour la tour, peut être ? Aussi ses mots me touchèrent plus que je ne l’aurai songé.
Je le laissais continuer, sans l’interrompre.
 
C’était charmant et très Ethan. A son tour d’être le plus courageux et j’étais soulagée qu’il me dise les choses face à face qu’en le criant dans les couloirs de la tour, j’avais timidement souri à ces mots. Pour sûr, il passerait pour fou s’il venait à passer à l’acte. 
Puis je suis restée suspendue à ses lèvres, les secondes paraissaient des heures. A ses derniers mots, je n’ai su lui répondre qu’un simple ;
 
-        Ah… 
 
J’étais surprise, embarrassée et j’ai laissé à mon tour le silence planer de longues secondes avant de me reprendre.

- Ethan… Je… J’ai retiré doucement mes mains des siennes. Je suis flattée, réellement et touchée, mais je ne suis pas certaine de bien comprendre.Tu connais mon avis sur le sujet. Une union di catena est un contrat trop lourd. Je n’ai pas reçu cette éducation qui ferait de moi une parfaite épouse. Je n’ai pas encore vingt ans et j’ai déjà vécu plus longtemps ici que chez mon père. Je n’ai pas été préparée à ça…
 
Il n’était pas question que je finisse dans une maison à attendre le retour de mon époux, un enfant dans chaque bras et un en préparation…


- Je veux être ton égale. Puis tu sais que je ne peux te donner que mon âme parce que je le dois pour la tour, parce que c’est ce l’on attend de moi, ce que tu attends de ta technicienne. Le demandes-tu pour que nous ayons des rapports charnels ?
 

Je me suis montrée très maladroite. Je sentais dans la voix d’Ethan, que ce n’était pas la réponse qu’il attendait. Je l’avais blessé mais je n’avais pas l’impression que ma réponse était si négative. Je souhaitais simplement me rassurée sur ce qu’il attendait et entendait réellement par cette union qui lui tenait visiblement très à cœur.
 La situation pourtant très simple me paraissait insurmontable. C’était plutôt compliqué de nous comprendre, lui avec sa part différente et moi par mon ignorance plus grande que je ne le pensais.
 
-        Je voulais juste être certaine que nous souhaitions la même chose. 
 
Et c’était le cas. Mais comme souligné par Ethan, nous n’étions pas seuls dans cette histoire, Gaby ne sait toujours rien.
 
-         J’ignore comment Raul réagira. Tu n’ignores pas que son amour pour toi est tout à fait semblable au mien. Que c’est à lui que tu avais promis une union. Je sais que ta situation ne s’y prête pas mais, il vaudra que tu lui parles de tes choix, quoiqu’il arrive.
 
Son choix de devenir homme, de me demander une union Di Catena. Même si deux hommes pouvaient parfaitement entretenir une relation, certes moins exposée, mais elles existaient.
Et sa seconde déclaration me touchait, je fondais littéralement et je ne le cachais pas tout à fait. Il pouvait le ressentir, car mes sentiments n’étaient pas moins ardents. J’étais déjà à lui depuis des années. Mon cœur s’emballait, je tentais de contrôler ma respiration plus profonde pour garder un minimum de dignité. 
 
-        Je souhaite tout cela aussi, ta présence, ton âme… Je ne ressens aucun besoin charnel. Je pense qu’ils ne sont aussi nécessaires ou si agréables qu’on nous laisse croire. Cependant…

Je vieillis à une vitesse folle et demain je serai une vieille dame si Avarra le souhaite. Le visage creusé et ridé par les années, mes cheveux seront blanchis… Alors que toi – je laissais glisser tout le long, une mèche de ses cheveux entre mes doigts – Tu seras toujours cet homme jeune et magnifique. Il y aura d’autres femmes plus jeunes et plus belles. Je ne saurai t’interdire de te détourner de moi mais je ne supporterai pas de savoir que tu restes à cause de moi.

Ethan ne savait pas comment réagir, ses analyses, ses méthodes de réflexion, rien ne collait avec ce qu'il ressentait. Pour la première fois de sa vie il se sentait en pleine dissonance cognitive. D'un côté son cerveau lui disait des choses et de l'autre son cœur en soufflait des contradictoires ou à tout du moins des différentes.

A trop avoir passé sa vie à observer il avait l'impression d'être un spectateur qui ne pouvait infléchir le cour des choses et du temps, même si il comprenait parfaitement ce que disait sa moitié, son âme.

Néanmoins il était attentif, plus que jamais à chaque signe, geste, esquisse de mouvement, tiraillement de la peau sur le visage, un muscle incontrôlé montrant quelque chose. Il se perdait en analyse sans succès en somme.

Revenant malgré lui sur le sujet de Raul, il était déchiré et empli de douleur.

- Je le ferai mais je suis persuadé que cela est superflu, il sait que j'ai fait mon choix, il l'a forcément ressenti, mon changement même invisible aux yeux des gens l'est pour les deux seuls êtres qui me sont chers et proches. Je suis différent c'est un fait, ma part masculine a prit le dessus pour un cycle qui durera peut-être tout une vie ou plus.

Mais cela ne l'effrayait pas.

La suite l'étonna et sans réfléchir ses mains quittèrent celles de son amie, amour, aimée pour rejoindre son visage. En caresser l'ovale avec sa douceur, ses doigts frais et légers, doux comme des plumes caressaient les joues de Roz.

- J'aime ton âme ma Roz, tu le sais pourtant, peu m'importe que tu vieillisses ou pas, ce n'est pas cela qui compte à mes yeux. C'est ta voix qui fait vibrer mon âme, tes pensées qui éclairent mes journées, c'est ce que tu es pas ce que tu présentes au monde. Je sais que nous n'avons pas le même cycle de vie j'en suis conscient et je sais que sans toi je ne resterai pas ici.

Il sourit avec sa douceur, nulle peine ou peur dans ses mots.

- Quand viendra le jour de ton dernier souffle, je t'emporterai dans la grotte où j'ai grandi et je m'allongerai à tes côtés pour l'éternité.

 
 
 
 
 
 

Ethan ne savait pas non plus lequel des avenirs entrevus serait celui offert mais à ses yeux tous avaient un goût amer en un sens. Il avait toujours su qu’il devrait un jour faire un choix douloureux car il ne pouvait pas ne pas choisir et laisser couler le temps. Il aurait pu en tant que mi-chieri laisser passer les années mais il savait que les humains se seraient consumés de ne jamais savoir. Cruel dilemme dont le choix se relevait tout aussi douloureux.
 
- Chaque chose en son temps en ce cas. Je ne peux pas me perdre en observation des possibles, pas maintenant.
 
Oui pour une fois, pour un temps il devait et voulait se concentrer uniquement sur le bonheur du moment présent. Sur ce qui l’animait, ce qui le faisait vibrer.
 
Ses mains caressaient le visage de Rosalys avec une douceur infinie, il en dessinait les contours pour s’assurer de ne jamais oublier, quand bien même cela lui semblait impossible en réalité.

Je fais au mieux pour me montrer à la hauteur de tes attentes rien de plus rien de moins. Tu es mon soleil, tu brilles pour moi et tu m’éclaires la nuit afin que je sois visible aux yeux du monde. Sans toi je n’existe pas.

Ses barrières étaient abaissées et il se repassait des sentiments de l’être aimé. Ce partage, cette union, c’était unique et enivrant. Sa respiration aussi s’était accélérée, son visage rapproché de Rosalys. Il pouvait sentir le souffle doux et chaud de sa respiration glisser sur sa peau. Puis elle répondit et s’éloigna en souriant, espérant ne pas en avoir trop peu dit. Mais son regard brillant d’amour était la plus belle des réponses. Il sourit à son tour et répondit.
 
- Quel dommage j’espérais une union réalisée par les petits frères des arbres.
 
Peu lui importait qui mettrait des catenas, ni de savoir si ils seraient en cuivre, en argent ou en tissu, non ce qui comptait c’était de savoir qu’il serait lié à Rosalys. Il aurait pu répondre plus encore mais n’en avait pas l’envie. Il se rapprocha de nouveau, ses mains n’ayant jamais quitté le visage de sa douce aimée. 

Il s’avança vers elle, sa tête de nouveau proche de la sienne. Son souffle chaud se mêlant au sien. Son regard grand ouvert et posé dans le sien, noyé dans ses yeux, y percevant le bonheur des années à venir, la promesse de leurs destins scellés officiellement aux yeux de tous. Ses lèvres s’approchèrent de celles de Rosalys et les goutèrent avec douceur. 

Sa fraîcheur habituelle semblait chamboulée et de son être une douce chaleur se dégageait. Il n’avait plus en tête que le doux parfum de cette peau claire et douce et la saveur de ses lèvres.

 
 
 
 
 
 

Ethan était un être à part de ce monde fait de guerre et de violence. Il naviguait au milieu des opportunistes qui cherchaient à asseoir leur pouvoir et leur position par tous les moyens possibles, lui il voulait être humain et parmi les humains. La majeure partie du temps il donnait le change à la perfection, tout au plus on sentait une empathie hors du commun ou on s'attardait sur son apparence angélique mais dans l'intimité, il ne pouvait cacher sa nature profonde. Et Rosalys et Raul étaient surement les deux seuls à pouvoir percevoir la complexité pour cet être déchiré entre deux mondes à trouver sa place simplement.

Il ne pouvait quitter le visage de l'être aimé, il avait envie de s'en abreuver jusqu'à plus soif, et il avait l'impression de pouvoir boire la mer de Dalereuth en ces instants tant il était bien. Ses lèvres gouttaient et savouraient celles de Rosalys alors que naturellement leurs langues vinrent se meler. Pas besoin d'apprentissage ou de mots, cela vint sans qu'il ne se réalisent, leurs bouches s'enivraient mutuellement.

Leurs âmes liées d'ores et déjà ne pouvaient pas se quitter. Ses mains longues et fines glissaient du visages vers les cheveux de Rosalys, détachés et peignés pour la nuit, lisses, brillants, souples sous ses doigts.


Ethan sentait que son corps s'éveillait aux prémices de l'amour, le désir l'emplissait mais il était bien trop honorable pour y céder, il avait promis et le temps n'était pas une barrière à ses yeux. Ce fut Rosalys qui brisa leur promiscuité avec raison. Sa main posée sur son coeur. Il sourit alors qu'elle répétait ses mots, un sourire naïf et amusé.

- En toute franchise je n'en sais rien, c'est un trait d'esprit qui m'est apparu amusant sur l'instant. Je ne les connais que de nom en réalité.

Son sourire était naturellement éclatant. Il reprenait contenance et son souffle s'apaisait, c'était pour le mieux ainsi. Ils verraient le jour de leur union si Rosalys souhaitait que leurs corps connaissent comme leurs âmes une union complète, mais cela viendrait en temps et en heure.

- Non si ton père accepte ma requête il me semble que nous serions manuliés au Castel Hastur, il ne saurait en être autrement non? Même si je pourrais réclamer que cela soit fait au Castel d'Ambervale.

 
 
 
 
 
 

Ethan se surprenait lui même parfois à se montrer désinvolte, plaisantin, mais dans le fond ce n’était que le fruit des années passées à observer et étudier ses compagnons plus humains que lui. Il avait un sang presque pur, il était enfant d’une mère chieri, pas un sang dilué comme beaucoup de télépathe et cela le rendait unique en un sens.

Mais en aucun cas il ne se moquait de celle qui était son univers, son tout, son opposé en même temps que son complément. Il avait le souffle court et ne connaissait pas cet état. C’était nouveau, grisant et surtout même pour lui, cela avait un goût de “reviens-y”.

- Eh bien dans ma grotte, il n’y avait que ma mère et moi puis ensuite elle me confia à mon paternel qui fut le plus heureux des hommes de pouvoir me faire rentrer directement dans une tour malgré mon jeune âge.

Ethan n’était pas réellement apaisé mais il savait, avait la conviction que cela devait être fait ainsi. Ses doigts cependant n’avaient pu se résoudre à quitter l’opulente chevelure de Roz, et ils jouaient avec une de ses mèches flamboyantes.

- Je suis navré de te dire que je ne te vois avec personne d’autre que moi dans les avenirs que je pourrais envisager. Nous sommes liés et destinés l’un à l’autre. Deux astres qui toujours se retrouvent malgré les intempéries chaque jour.

Elle vint s’installer contre son torse et il la saisit avec douceur dans ses bras, l’enfermant dans un cocon protecteur et amoureux. Il était serein, entier, il allait se réaliser et offrir ce qu’il avait de meilleur à Roz : sa vie.

La dernière question le laissa mutique de longues secondes.

- Je crains que si nous demandions l’aval de ton père nous n’ayons pas le choix, il nous l’imposera pour montrer que c’est lui qui dirige même si nous n’avons pas réellement besoin de son aval.