La fête de Mabon : du côté de la Tour

 
 
 
 
 

 
 
 
 
 

Octavia écoute Mikhail avec toujours autant de respect. 

Oui, les cellules mortes. Mais j'avoue que c'est moins facile à lire que les cellules vivantes. La pratique m'aidera certainement à affiner la lecture. J'ai hâte d'être à demain pour savoir quel sera le choix des Gardiens. Je ne sais pas si cela peut influencer le choix mais je serai honorée de venir à Tramontane pour continuer à étudier mon don avec vous. 


La jeune s'incline devant le gardien puis se dirige vers la salle de réception pour écouter ce qu'on vécu les autres postulants.

Un laran permettant de parler aux insectes ?! Emun se mit à rire en imaginant sa cellule à Hali remplie de cafards en représailles de ses plaisanteries sur la Tramontane aussi froide que le dortoir des novices à Nevarsin.

- Hé bien, je te dirais que je suis dans de beaux draps !

Le ton était empli de bonhomie. Beau prince, même quand il était l'objet d'une contre-plaisanterie, Emun ne retrouvait en général son sérieux que lorsqu'il était aux prises avec les travaux du laran. Apparemment, ce n'était pas vraiment le cas à Arilinn mais il était vrai qu'il s'agit là d'une des tours les plus conservatrices du fait de son histoire. Sans doute en aurait-il été de même pour Hali si sa destruction n'avait pas obligé les gardiens successifs à s'assoir sur quelques principes de bienséance au nom des impérieuses nécessités de la reconstruction de la tour mythique des domaines. Enfin, il fallait plus à Emun que les pisse-vinaigres d'Arilinn pour se faire gâcher la fête des récoltes. Et puis Ethan était particulier : gardien et quasi chieri, il avait toujours été plutôt...décalé.

Le jeune mécanicien écouta avec intérêt la réponse d'Irmelin à qui il lança un regard d'approbation. La jeune femme était intelligente, mais c'était souvent le cas avec les Aillard élevées pour gouverner, et, en tous cas, ne se démontait devant le gardien d'Arilinn, exposant son point de vue de façon courtoise mais ferme. Emun, lui, se contenta de hausser les épaules, il n'était pas forcément d'accord avec l'analyse d'Ethan.

- Si, justement. Je me souviens du caractère oppressant de l'attente et des différents entretiens avec tes pairs de cette époque. Et de l'impression de jouer mon existence et ma vocation sur un coup de dés sans que personne ne vienne m'aider à appréhender différemment cette journée.

Il sourit gentiment au gardien, rassemblant ses pensées pour lui expliquer son point de vue tout en prenant garde aux mots qu'il utilisait. 

- Je crois que l'efficacité et la nécessité d'équilibrer les pouvoirs des différents cercles nous empêchent parfois de voir clairement que l'élitisme parfois revendiqué des tours nous prive de talents et de compétences nécessaires aux gens des domaines au sens large. Je sais que ce n'est pas forcément ton avis, Ethan, mais la moisson en est quand même l'un des symptômes.

Isolés derrière leurs voiles, leur conscience tournée uniquement vers leurs travaux, leur science et les pouvoirs de l'esprit, les laranzu'yn lui semblaient parfois manquer de perspective quant à la réalité du monde dans lequel les tours existaient pourtant. Collégialement, les gardiens avaient beau former un groupe puissant, Arilinn, comme Hali, répondait quand même aux ordres d'Hastur pour faire pleuvoir éclairs psychiques et feuglu à la guerre. Cette nécessité était bien la raison pour laquelle la moisson existait : regrouper des télépathes utiles dans ces situations. Et pas forcément utiles au bien commun.

- Enfin, ce n'est sans doute pas un sujet à aborder ici et maintenant alors que nous allons nous réunir pour fêter nos nouveaux collègues dont je suis sûr que tu feras partie, Irmelin.

A son propre étonnement, Rafael ressentit comme une envie de ne pas revenir au plancher des chervines et de rester plongés dans... il ne savait trop quoi à vrai dire. c'était juste plaisant, comme un bon feu de bois après une journée dans le froid. Puis la sensation passa alors que le gardien à la mobilité contrariée laissait tomber son jugement.

Cela avait l'air de lui plaire, ce qui n'augurait rien de trop bon pour lui-même. Votre famille. Quelle bonne blague. Il était Lindir, pas la colère d'Evanda sans doute. Avec le don des Hastur. Le programme fonctionnait peut-être à merveille, pour lui tout allait de travers.

- A poursuivre comment exactement ? Parce que si je comprends bien, vous n'avez d'intérêt que pour la stabilisation du laran des Hastur ? Rien qui au final m'imposerait une femme dont je ne pourrais supporter la compagnie plus de quelques jours ?

S'il fallait engrosser une quelconque poulinière comyn, il ferait son devoir, ne serait-ce que pour qu'on ne lui tanne pas les oreilles pendant une saison.

 
 
 
 
 
 
 
 

@Rafael Lindir


 
 
 
 
 

Les sourcils d'Ystvan démontrait bien qu'il n'était pas tout à fait convaincu par la déclaration du jeune gardien. Pour autant il savait qu'il n'était pas en mesure de mettre en cause la déclaration en question. les Tours étaient les lieux où l'on en savait le plus sur le laran après tout.

- Mon ignorance fait que j'ai du mal à imaginer que l'on puisse souffrir autant ici...

Ce qui poussa peut-être le laranzu à lui proposer d'en intégrer une ? A priori ses petits soucis personnels ne semblaient pas gêner, voire semblaient plus connus que sur les terres des Scathfell.

- Je n'y avais pas réfléchi jusqu'à maintenant. Mon père n'a pas besoin de moi réellement, et je suppose qu'il serait plus intelligent d'en apprendre plus quitte à retourner à Scathfell ensuite.

Pour iel, intégrer une tour semblait définitif. Etait-ce que pensait lui aussi le gardien ? Pour le moment, Ystvan était soulagé de ne pas être si étrange que cela et iel sentit une infime tension se relâcher. Réalité ou imagination ? Il faudrait prévenir sa famille bien entendu mais iel ne voyait rien qui pourrait lui faire rebrousser chemin urgemment. Ces quelques mois éloignés des Hellers ne seraient pas gâchés.

Ethan acquiesça à la réponse de la jeune fille, elle avait saisi le sens de des propos et surtout ne se formalisait pas d’échanger un point de vue avec un gardien, au moins elle ne serait pas une ombre dans sa prochaine tour qui obéit sans réfléchir. Ethan aimait à ce que les gens réfléchissent par eux même, c’était ainsi qu’on avançait selon lui, en échangeant les points de vue même si… il restait celui qui prenait les décisions au final qu’elles plaisent ou non. Ses airs doux n’en faisaient pas un homme facile à convaincre pour autant et le faire change d’idée ?

- Ce soir ton attente sera terminée Irmelin.

Puis ce fut le moment pour ma Roz de prendre la parole, elle était comme toujours, un ouragan lorsqu’elle se lançait pour donner son avis, elle balayait tout devant elle sans retenue, elle eut été homme qu’elle aurait dirigé Hastur ou peut-être cette tour qui sait mais le destin est capricieux.

Elle délivra implacable son avis et interpella Ethan dans la foulée.
Il se releva sa boisson terminée et sourit doucement à Emun et Irmelin.

- Je crains que nous devions nous éclipser, nous nous retrouverons ce soir. Bonne journée.

Allons-y je sens ton agacement irradier de tous les pores de ta peau.

Au moins le gardien n'était pas ulcéré par sa réponse, une bonne chose. La raison donnée pour le mariage était certainement valable sauf que ce n'était pas lui, Rafael Lindir, qui souhaitait absolument se reproduire. Eventuellement, il pourrait gagner quelques avantages si sa femme lui permettait de vivre dans un domaine où les hommes régnaient en maîtres mais vu sa chance... Il tomberait sur une donzelle qui le suivrait sur les terres Lindir et qui ensuite se prendrait pour un melon des glaces en plein été. Très peu pour lui.

Ce sont les Tours qui ont besoin de tout cela, pour ma part je me vois bien vivre sans femme. L'une de mes soeurs aura forcément besoin de quelqu'un pour défendre ses terres et il est toujours plus simple de compter sur un frère qu'un mari.

Rafael montra son étonnement légitime quand le gardien bancal remit en question la place des femmes dans une Tour. c'était bien la première fois qu'il entendait cela.

Je doute qu'il y ait un homme capable de faire face à Roz, vai teneretzu. Elles sont tout de même plus utiles dans une tour qu'à jouer les vieilles filles dans les jupes de leur mère.

Et à tourner autour du moindre homme encore libre.

En effet, je n'exclus rien pour l'heure, tout comme je ne vous cache pas que j'aime ma liberté actuelle. Personne n'aime les sacrifices après tout.

Le tout accompagné d'un sourire franc.

Si Emun avait continué à écouter sans mot dire l'échange entre le gardien d'Arilinn et l'aspirante à la vie des laranzu'yn, la sortie de Rosalys le laissa coi. Pas tant que son avis soit dénué de sens mais, malgré l'attitude hiératique et la froideur de son ton, ses propos étaient chargés d'une forme de violence contenue à laquelle il ne se serait pas attendu de sa part. Encore qu'il ne la connaisse qu'assez mal et qu'il ne soit pas le fils d'Hastur, ou pire, sa fille, donc assez incapable de comprendre ce qu'il pensait être de la frustration qui s'évacuait contre une jeune fille qui n'avait à son actif d'autre crime que d'avoir osé formuler une opinion. Il ne put s'empêcher d'avoir quelque peu pitié de la technicienne. Il renforça ses barrières afin d'éviter la fuite mentale qui, à ce stade, aurait surtout contribué à mettre de l'huile sur le feu (glacé !).

Pour sa part, il n'aurait jamais osé intervenir de cette façon dans une conversation menée par son gardien mais, après tout, si Ethan laissait Irmelin lui donner son opinion, pourquoi Rosalys ne le pourrait-elle pas ? Enfin, c'était surtout le problème du gardien d'Arilinn. Les avis tranchés de la jeune Hastur ne l'empêcheraient pas de dormir. Quant à sa supposée naïveté, il se contenta de hausser les épaules avec un sourire débonnaire. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, disait-on.

"Bonne fin de journée à tous les deux. A ce soir."

Il inclina légèrement la tête pour saluer le départ du gardien accompagné de son ombre avant de soupirer et de se laisser aller contre le dossier de son siège. Il attendit un peu qu'ils aient pris le couloir puis regarda Irmelin avant de se mettre à rire, doucement d'abord, puis de plus en plus fort jusqu'à en avoir les larmes aux yeux à force d'essayer d'étouffer son fou rire.

"Toi...Je sais pas...Mais...J'crois...que je préfèrerais...encore...la Tram...on...tane que A...ri...linn."


HJ : Je te propose de terminer ici.

 
 
 
 
 
Le gardien n’avait rien de plus à ajouter.
 
Des questions avant de nous séparer ?

 

S'il ne savait pas trop où se placer dans sa famille, cela ne faisait pas d'Ystvan un enthousiaste du masochisme. Après, elle avait assez de doigts transpercés par des aiguilles pour savoir que la maîtrise aidait à diminuer les douleurs. Ainsi qu'à éviter de tâcher son ouvrage.

- La souffrance ne me fait pas peur, vai teneretzu, du moment qu'elle a une raison.

Le regard d'Ystvan pétilla, laissant transparaître plus d'Yllana en cet instant.

- Chaque printemps, le lendemain de la première journée à cheval est plus que déplaisante par exemple.

Ce n'était peut-être pas tout à fait le genre de chose à dire à un gardien mais on ne pouvait subitement changer simplement parce que l'on venait de s'entendre dire que la tour pourrait être un avenir possible. Se relevant en comprenant qu'on lui donnait son congé :

- J'attendrai votre décision alors. Merci du temps que vous m'avez accorder vai teneretzu.

Le coeur plus léger qu'à l'arrivée, Ystvan s'inclina avant de sortir et quitta la tour pensive. Elle aurait aimé pouvoir s'installer au coin du feu avec des vêtements à ravauder mais on lui avait fait comprendre qu'elle ferait mieux de limiter ce genre d'activité pour le moment. Il ne lui restait qu'à se joindre à ceux qui emplissaient les rues de Neskaya.