Flashback - Dans la vallée de Dana (An 551)

Cela faisait des semaines que des conflits avaient éclaté du côté de chez nos parents Hammerfell. Ils avaient fini par nous demander de l'aide contre les hommes envoyés par Darriel. J'étais descendu avec une dizaine d'hommes de Storn et nous avions quelques jours après rejoints nos compagnons d'arme. Les échauffourées tournaient en notre désavantage le plus total, ils devaient posséder quelqu'un avec un don permettant de percevoir nos déplacements, stratégies ou le futur pour ainsi toujours nous attendre là où nous allions.

La dernière nuit fut longue et nous sommes descendus jusque dans une vallée pour tenter de nous sortir de ce merdier. J'aurais du mourir si je n'avais réussi par miracle a utiliser mon don familial, ils se trouvés destabilisés un instant assez long en me voyant à deux endroits différents pour que je parvienne à m'enfuir, seul survivant de cette pitoyable intervention.
J'avais fuis comme un lâche, blessé et j'étais sorti de la vallée sans demander mon reste, hélas je m'étais éloigné des Hellers, de mes repères. J'étais blessé, à pied, sans nourriture et en piètre posture pour le futur héritier Storn, la merde !

Néanmoins j'étais en vie c'était le principal et donc je cherchais un abris de voyage pour m'y reposer un instant. Dans mon esprit, le visage de l'homme qui voyait loin et que je n'oublierai pas, il s'était vanté et m'avait donné son nom "Sandro Darriel". J'ouvris la porte du refuge, il me fallait y faire un feu et vite et ensuite nettoyer mes plaies, je perdais encore trop de sang et ma vue se brouillait.

J'étais probablement en train de haleter comme un bon porc en tentant vainement d'enlever ma chemise pour nettoyer ma blessure, j'avais réussi à allumer un feu grâce à l'habitude mais maintenant tout devenait assez compliqué. Je suais à grosses gouttes.

J'ai voulu me saisir de mon arme par réflexe quand la porte s'est ouverte mais ce n'était pas ce félon de Darriel qui entrait. Je l'écoutais un peu ahuri de sa demande, avait-il des problèmes de vue ou bien avait-il la tête totalement ailleurs.

- Je resterai jusqu'à ce que je sois capable de reprendre la route mon brave.

Pour reprendre son expression. Je finis d'enlever cette maudite chemise et la posai près du lit. Je regardais la blessure, c'était moche et elle n'était pas isolée croyez le. Je me levais péniblement pour aller chercher une bouteille d'alcool que j'avais senti en faisant le tour. J'attrapais de nouveau ma chemise et je voulus en tirer une bande d'un pan sans sang séché pour me servir pour nettoyer les plaies. Mais j'ai du avoir l'air d'un con à tirer sans succès sur ce maudit bout de tissu qui refusait de rompre.

- Bordel de couille de banshee. Sérieusement...

Je respirais fort, la sueur perlait toujours et je reposais mon regard sur l'autre homme.

- J'peux vous demander un peu d'aider? Plus vite je suis soigné plus vite je pars hein.

J’avoue je n’attendais pas d’aide, j’espérais juste que cet homme fasse à moi n’avait pas des envies de solitudes et n’allait pas m’en coller une pour me foutre dehors et me laisser crever dans la neige comme une clébard boiteux. Ma bonne étoile semblait encore un peu vivante car il vint même à mon aide.

- Toute aide est la bienvenue vraiment.

Et j’étais carrément reconnaissant même si il n’y aurait pas de calin ou d’effusion vous vous en doutez.
Je serrai les dents et grimaçais, parfois un râle profond s’échappait de ma bouche malgré moi car les plaies étaient sales et avaient besoin d’être curées. J’ai failli tourner de l’œil mais tant bien que mal j’ai réussi à tenir. Il s’apprêtait à mettre de l’alcool pour terminer de tout nettoyer.

- Une journée ou deux si j’ai perdu connaissance plus longtemps que je ne l’imagine .

Je poussais un râle profond et insultais ma pauvre mère qui n’avait rien demandé, je peinais même à retrouver mon souffle une fois l’alcool versé. Quand je retrouvais l’usage de la parole je dis.

- Je ne sais même pas où je suis exactement, j’ai du marcher mécaniquement. J’étais près d’un col quand on a eu cette rixe avec les Darriel. J’arrivais de Hammerfell pour remonter vers Delleray . Je…

Je réalisais n’avoir pas dit mon nom jusque là.

- Dorian Storn su serva.

Il n’avait rien d’un montagnard de primer abord, je pouvais espérer qu’il n’était pas un proche des Darriel.

J’avais envie de rire en retenant mes cris de douleurs, ils mourraient bien dans ma gorge et mes râles s’en retrouvaient assez étranges à n’en pas douter.

- Tant qu’il y a de la vie y a de l’espoir, je remonterai jusque sur mes terres je n’en doute pas un instant.

J’écoutais néanmoins avec attention et intérêt ce que me disait Dyan. Reprendre du poil de la bête c’était dans mes projets en effet, je n’escomptais pas mourir ici comme un blaireau loin des miens, ma femme allait prochainement mettre au monde un enfant, viable cette fois ci je l’espérais du moins.

- Vous en faites pas, si ils me trouvent ils s’en prendront pas à vous, je rappellerai les règles au besoin de neutralité des abris, je sortirai et vous ferai ce que vous aviez à faire, personne de plus ne mourra pour moi croyez-le.

Il me fit de nouveau sourire, je les avais énervés, et c’était réciproque. Je reprenais mon souffle maintenant qu’il avait réussi à nettoyer les plaies. Je le remerciai pour le morceau de pain que je machais doucement pour profiter de ses bienfaits. Mon corps était affamé, entre les blessures et l’usage du laran pour survivre.

Je fermais les yeux un instant quand il me demanda où étaient mes hommes et inspirais profondément.

- Certains étaient morts, d’autres avaient rendus les armes et sont probablement aux fers à Castel Darriel et je n’ai fui que parce que mon laran les a perturbé assez pour m’offrir une fenêtre de liberté. Et vous Dyan Alton que faites vous dans ce coin? On est loin des plaines quand même non?

J'étais soulagé en un sens de voir que l'homme semblait être d'une trempe certaine, il n'était pas affolé à l'idée que peut-être débarqueraient ici des Darriel et pas forcément de ceux motivés à prendre le thé avec nous et nous proposer de partager un bon.

Assis en face de moi, accroupi il était sérieux et le visage tout aussi sérieux je hochais la tête en signe d'assentiment.

- Tout à votre honneur.

Je souris malgré moi en songeant à Callista.

- Ma soeur dirait que les paroles trop pleines d'honneur sont souvent celles de morts en devenir. Elle est... pragmatique dirai-je.

Je l'écoutais ensuite parler de ses projets, son peu de matériel, sa bonne humeur en entrant et je souris un peu trop franchement... Je grimaçais rapidement, déconner c'était pas encore possible.

- Me dites pas que vous attendiez quelqu'un ici? Oh merde alors...

D'un autre côté si quelqu'une devait arriver, elle aurait peut-être des accessoires de filles, des trucs de couture qui permettraient de refermer tout ça plus proprement et que je puisse partir plus rapidement non? D'un autre côté si on était là ou je pensais, y avait pas beaucoup de familles dignes d'un Alton dans le coin, j'avais comme un doute sur le fait qu'il fasse tout ce chemin pour butiner de la paysanne voyez vous. J'étais dans la merde mais pour le coup je risquais de le mettre doublement dans la merde... Par la rencontre de sa.... conquête... et par son potentiel lien avec la famille dirigeante de la région.

- Une.. Darriel?

Je comprenais parfaitement son point de vue je devais l'admettre.

- Eh bien j'avoue partager cela mais allez dire cela à nos proches, bizarrement elles ne nous croient guère et ne partagent pas cet opinion.

J'avais retrouvé quelques couleurs grâce au pain qu'il avait trouvé  et au bout de viande séchée, c'était peu mais cela faisait un bien fou. Je secouais la tête montrant bien que j'étais désolé de mettre un voile de doute sur la tenue de son rendez vous galant au demeurant.

Je me ris à rire et à me tenir les côtes  en songeant au cocasse de la situation.

- Eh bien c'est donc l'un de ses frères qui a eu l'insigne horreur de me mettre à mal voyez vous.  Mais vous avez probablement raison vu que j'ai fui, ils seront forcément soucieux de ne pas voir les leurs se promener... On a la réputation d'être assez têtus et revanchards et si je n'irai pas toucher une femme, elle pourrait me servir à faire sortir son frère et avoir un duel honorable.

Dehors le temps semblait vouloir se calmer, s'apaiser.
Des bruits au loin attirèrent l'attention des deux hommes peu bruyants naturellement.

Pour pimenter : 1/4 un ours, 5/7 des hommes de Darriel, 8/10 ta donzelle et sa suivante.

Je crois que j’avais joué les oiseaux de mauvais augure et si j’avais été superstitieux.. mais c’était pas le cas… le destin était une putain de connasse on le savait tous surtout dans les montagnes où la vie était plus rude qu’ailleurs.

- Je crois qu’on va pas avoir à épiloguer longtemps, c’est pas votre bonne amie qui nous rend visite.

Je n’avais pas eu le temps de me lever pour voir que Dyan regardait par la fenêtre. Vu ses douces paroles j’en déduisis qu’il ne s’agissait pas de sa belle mais d’hommes armés. Je me forçais à me lever en silence et à me saisir de ma lame posée sur la table depuis mon arrivée. Ma main était crispée dessus mais cella irait si jamais il fallait en venir au combat.

Par contre je haussais un sourcil surpris.

- Me cacher ? Non sûrement pas, je suis pas un lapin cornu, dussai-je crever j’irai les affronter.

Dehors trois hommes à cheval. L’un d’entre eux démonta et s’avança vers la cabane.

- Y a du monde dans le coin vu les traces. On aimerait parler, sortez, il ne vous sera fait aucun mal sauf si vous êtes ce foutu couard de Storn.

Et les deux hommes à cheval de rire grassement.
Je me retins de répondre, on avait encore une chance d'éviter le combat, j'irai pas au devant de la mort mais je laisserai pas Dyan se battre seul si cela devait en arriver là.