La fête de Mabon

L'été touche à sa fin, les températures relativement clémentes s'envolent vers un ailleurs inconnu. Arrive le moment ou jour et nuit sont égaux pour une seule journée. Les récoltes sont rentrées dans les greniers lorsqu'il y avait encore quelque chose à récupérer malgré les guerres qui déchirent le monde pour un bout de terre, une rivière, un passage à gué, une femme, un manoir, toutes les raisons sont valables en ces temps troubles.

Mabon cette année sera fêté partout sur Ténébreuse, une journée de trêve dit-on, une journée qui célèbre Arduenna la déesse des moissons. Dans chaque village sur la grand place sont dressées des tables communes où chacun apportera ce qu'il peut pour le partager. Ceux qui savent jouer d'un instrument seront sollicités ainsi que ceux qui chantent. Et l'on s'apprête donc à festoyer, danser, chanter. Ce sera ainsi partout, même à Neskaya. Ce jour-là de nombreux marchands sont attendus, même une caravane des Villes Sèches est annoncée dit-on. Un grand marché se tiendra pendant plusieurs jours et certains viennent de loin pour cette fête.

Il se dit même qu'une grande réunion devrait avoir lieu mais dans l'enceinte de la tour, une réunion exceptionnelle avec les gardiens en fonction et certains membres émérites de leur entourage.

C'est dans ces conditions qu'un grand nombre de personnes arrive à Neskaya pour les festivités. Certains arriveront en ville et s'y installeront dans une belle auberge, d'autres rares élus seront reçus dans la demeure du Seigneur de Neskaya et enfin certains se rendront à la tour. Mais tous viendront festoyer le soir venu sur la place du village.

Du côté de la tour

C'est la plus ancienne tour de Ténébreuse, celle qui prit naissance avec l'arrivée des colons terriens, New Skye autrefois, Neskaya de nos jours. La tour est haute, les dépendances nombreuses, on peut y vivre en quasi autonomie avec les vergers et potagers attenants entretenus pas les serviteurs humains ou les kyrris. 

Du côté de la demeure d'Orain Leynier

A l'entrée de la ville se trouve un petit Manoir, le Seigneur des lieux n'est pas amateur de réception, de festivités comynes, il préfère de loin la vie de la ville aussi a-t-il délaissé le grand Manoir à deux lieues de la ville pour s'installer là avec sa famille. C'est son fils ainé qui a pris logis à l'extérieur avec son épouse.

Du côté de Nesakaya

La ville animée d'ordinaire est presque impraticable actuellement pour certains. Les marchands de tous horizons se sont installés aux abords de la cité, un immense marché s'est installé hors de l'enceinte de la cité. Tentes, tonnelles, cabanes, roulottes, chariots, tout est bon pour proposer ses produits. On peut pratiquement trouver tout ce que l'on souhaite. 
La place centrale de Neskaya est réservée pour les festivités. Tables, estrade, tentures imperméabilisées tendues au dessus pour protéger de la pluie tout est déjà prêt pour la soirée de Mabon.

La journée avançait et les incidents restaient peu nombreux, à la tour les gardiens auraient bientôt rencontré tous les candidats venus à Neskaya, resterait ensuite leurs délibérations pour savoir qui prendrait quel apprenti dans sa tour.
Du côté de la place du village, les serviteurs et commerçants s'affairaient, le banquet était pratiquement prêt.

Toutes les tables étaient dressées, l'estrade finie et déjà des musiciens s'échauffaient, accordaient leurs instruments, des danseurs s'entrainaient.

Des feu avaient été allumés à l'aube et depuis lors cuisaisent des cochons et lapins, en cuisine se préparaient les soupes et le pain était déjà prêt de la veille. Il ne resterait que vin et bière à sortir le soir même.

Le temps était toujours au beau fixe, un bon signe !

Le banquet et certains invités étaient déjà installés. On était entre chien et loup et la luminosité décroissait doucement, l'air n'était pas froid et les grands feux dans les braseros qui entouraient la place assuraient une température douce pour la saison. Les musiciens étaient en place et un air léger s'envolait de l'estrade, sans qu'il fut omniprésent il emplissait l'air de légèreté.

A la table principale le Seigneur Leynier, Orain, était déjà attablé avec sa famille et ses invités proches. Restaient vacantes les places destinés aux membres émérites de la tour, gardiens et de rares élus (dont Rosalys et Emun si ils le désirent).

Le commun des mortels aussi attendait, la cérémonie de choix de la moisson allait avoir lieu et c'était au gardien qui recevait les festivités d'annoncer les résultats. Les jeunes apprentis étaient dans la foule à attendre, ils ne savaient si ils pourraient s'attabler avec les travailleurs des tours, rester en famille, aller parmi les gens du commun. On avait beau savoir que les gardiens étaient efficaces on savait que la cérémonie du soir serait à la limite d'expéditive au vu de la réputation de Keith de Neskaya.

Il s'avança finalement sur l'estrade, la musique se tut naturellement, suivi par le reste du conclave. Il observa l'assemblée, pas forcément satisfait de devoir jouer ces simagrées mais c'était ainsi que cela se faisait. Il s'éclaircit la voix et débuta son discours.


- Bonsoir à tous et toutes, soyez les bienvenues à Neskaya pour les fêtes de Mabon, puisse la récolte vous satisfaire tous et subvenir à nos besoins durant les longs mois d'hiver à venir. Nous sommes ici ce soir pour remercier Arduenna de ses dons mais aussi pour vous annoncer quels sont les candidats qui rejoindront les tours après les fêtes, ceux que nous avons jugés digne d'intérêt.

Quelques murmures se répandent et la tension monte d'un cran, tous les empathes peuvent le ressentir. Keith laisse planer le silence avant de reprendre d'un voix presque sans expression.

- Rejoindront Neskaya, la jeune Melora Rockraven et Juan di Norill. Se rendront à la tour de Arilinn, Ystvan Scathfell et Cleindori Ardais. Partiront aider à la reconstruire Hali, Octavia Aillard et Irmelin Aillard. La tour de Dalereuth recevra  Eduin Ardais et  Rowen Castamir. La Tramontane accueillera Rhodri Lanart  et Bard Alton de Mariposa. Pour Corandolis ce sera Anton Hastur qui ira.

D'autres noms issus du communs furent prononcés mais les noms trop peu connus pour être mémorisés, certains cependant auront eu vite fait de constater que les tours prenaient entre quatre et cinq travailleurs à l'exception de Corandolis qui n'en aurait qu'un seul, le gardien était-il difficile?

Certains pleuraient à chaudes larmes de n'être pas retenus, d'autres sautaient probablement de joie, certaines personnes discutaient déjà avec leurs voisins, parlaient avenir, cela ne laissait personne indifférent. Keith de Neskaya se tut quelques minutes le temps que cela s'apaise et rajouta finalement.

- Bonnes fêtes de Mabon à tous, que les festivités préparées par le Seigneur de Neskaya, Orain Leynier débutent !

C'était le coup d'envoi du ballet des serviteurs pour servir les nobles. Les gens du commun se serviraient sur les buffets installés et la musique débutait.


NB: non vous n'aurez pas de plan de table vous vous installez comme bon vous semble mais restez cohérents, vous ne pouvez être à côté d'un gardien par exemple à l'exception de Rosalys, Emun (n'importe quel gardien) ou Dyan (juste pour Keith). Les invités d'Orain peuvent être avec sa famille ou pas selon leur choix. Bref faites selon vos envies en restant logiques !

HJ : ll est où le plan de tables ???!!    

La journée avait finalement passé. Après avoir dépensé quelques reis en futilités, les jumelles avaient profité de la foire pour manger et combler leur appétit mis à mal par le petit-déjeuner avorté. Quand elles en avaient eu assez de marcher, elles s'étaient installées à un endroit calme pour juste discuter des années qu'elles avaient perdues loin l'une de l'autre, avec du vin chaud pour se réchauffer.

Elles avaient rejoint la demeure du seigneur Leynier à la fin de l'après-midi, pour se changer en vue du banquet du soir. Pour l'occasion, Amalia avait sorti du placard une robe un peu plus habillée que d'habitude, mais elle ne se faisait pas d'illusion : cela n'allait pas l'aider à être moins transparente que d'habitude. Mais au moins se sentait-elle en confiance dans cette tenue, sans un cheveu dépassant de ses tresses, avec leur achat du matin autour du cou, en compagnie de sa matrice.

Elle remarqua bien vite qu'elles avaient une place de choix à la table du seigneur des lieux et des membres des Tours. Amalia n'avait plus vu sa cousine depuis le matin et elle espérait qu'elle avait pensé à se changer elle aussi avant de les rejoindre, si elle les rejoignait... Poliment, la di Asturien salua dom Orain ainsi que son épouse et adressa un signe de tête à Raul. À le voir, elle se rappela le matin et vérifia une nouvelle fois qu'elle n'avait pas oublié la bourse avec les herbes médicinales. Mieux valait être prévoyante.

Les annonces des Tours passèrent, avec son lot de déçus et le banquet commença enfin véritablement. Elle se tourna d'abord vers dom Orain qu'elle complimenta sur l'organisation de la foire et des festivités, incluant son épouse dans ses éloges. Les politesses dites, elle se tourna vers Raul.

- Avez-vous pu profiter de la foire, dom Raul ?

Amalia avait bien conscience de l'image déplorable que sa sœur, sa cousine et elle avaient dû laisser à l'Hastur ce matin, elle-même ne s'en était toujours pas remise. Toute une vie à apprendre à se tenir en société, tous ces efforts ruinés en moins d'une heure. Elle allait donc bien réussir à se rattraper. Au moins essayer ?

Après avoir passé du temps à discuter avec ses pairs dans la salle commune de la tour, Emun avait pu prendre un peu de repos. Après deux bonnes heures à roupiller du sommeil du juste (qui vient de faire un voyage à travers les écrans de téléportation - ce qui n'était pas rien), il avait demandé à Keith un tartan aux couleurs des Alton qu'il avait drapé sur son épaule pour donner à sa tenue de tous les jours un petit coup de frais. Un peu d'eau fraîche, glaciale, sur le visage et il était comme neuf.

Debout aux côtés des membres du cercle de Neskaya qui les accueillait, il écouta pieusement le laïus de son cousin qui indiquait où chaque aspirant serait envoyé. Si il ou elle avait eu le bonheur d'être retenu... Fichue étape à passer, difficile pour chaque personne qu'il apercevait, anxieuse et suspendue aux lèvres du gardien, hôte des fêtes de Mabon. Son regard parcouru les présents durant les annonces de son cousin, cherchant à évaluer les différentes réactions.

Finalement, les festivités lancées, il alla s'installer aux côtés de Ranald, attendant d'être servi comme tous les nobles présents.

 
 

Nous arrivons tous là où la fête se passait. Accrochée au bras d’Ethan, tous les regards se tournaient vers le groupe. Bien évidemment, je sais qu’ils ne sont pas pour moi mais bien pour les gardiens, même s’ils ne portaient pas leurs robes écarlates ce soir, il y avait toujours quelqu’un pour les reconnaitre. 
J’avais moi-même abandonné ma robe de technicienne. Sa couleur était bleue également, celle-ci était en velours et d’un bleu profond avec de délicates broderies en fil d’argent. Cadeau de ma mère au solstice dernier, elle si désolée de me voir si peu coquette à longueur d’année, et que je porte pour la première fois ce soir.  Planté dans mon chignon bas, un peigne papillon en cuivre et un joli châle sur les épaules qui allait parfaitement avec ma toilette. 
 
Une fois attroupés autour de Keith, je cherchais du regard mon frère. Je sentais déjà sa présence dans la tour, et maintenant son emprunte irradiait en moi. J’ai reconnu rapidement sa tignasse rousse au loin, dos à moi et déjà attablé avec ses hôtes. Je fis une légère pression sur le bras d’Ethan pour attirer son attention.
 
Il est là-bas… Lui dis-je déjà toute excitée intérieurement à l’idée de le voir avant le prochain solstice. 
 
Il n’était pas nécessaire d’en dire d’avantage, lui-même avait déjà ressenti sa présence 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Depuis ce matin, elle avait oublié l'aura de Raul-Gabriel et elle se sentait toujours aussi petite. Du coin de l’œil, elle avisa l'arrivée de sa cousine après le discours du gardien de Neskaya. Amalia lui adressa un sourire et reporta son attention sur l'autre invité de dom Orain. Elle n'oubliait pas sa mission, elle devait redorer le blason de sa famille, quand bien même cela n'allait rien lui apporter. Dom Raul-Gabriel était le premier Hastur qu'Amalia rencontrait, aussi ne se formalisa-t-elle pas de son ton, ni ne l'associa particulièrement à la famille Hastur. Juste à lui, simplement.

- En effet. Nous avons pu voir ce qu'il nous restait à voir et acheter des souvenirs pour nos parents qui n'ont pas pu venir. Et nous avons rencontré des cousins. Peut-être les avez-vous croisé chez dom Orain ? Ils nous ont cherché là-bas avant de partir à notre recherche à la foire.

Amalia n’était pas certaine que la découverte de ses cousins avait été une bonne chose, bien qu’elle avait eu le temps, depuis ce moment, de mieux réfléchir à la situation. Il était beaucoup trop tôt, elle venait à peine de récupérer sa jumelle qu’elle apprenait qu’elle allait devoir la laisser repartir presque aussitôt. Son gorge se serrait à cette pensée. Bien sûr, c’était la suite logique de leur vie. Elles étaient nées fille, pas chez les Aillard, tel était donc leur rôle, nouer des alliances pour leur famille par le biais de mariage. Mais n’aurait-il pas été possible d’attendre quelques mois de plus ? C’était tellement injuste !

Mais dans cette affaire, elle n’était pas la plus à plaindre. C’était Allira qui allait bientôt découvrir un nouveau monde, celui de femme mariée. Amalia n’avait jamais beaucoup réfléchi à ce que cela lui ferait lorsque son tour viendrait. Elle angoisserait certainement. Elle n’avait pas la même confiance que sa sœur. C’est quand elle sentit sa main dans la sienne qu’elle comprit que malgré toute cette confiance en soi, elle aussi angoissait en réalité. C’était la première fois qu’Amalia se rendait compte qu’en fait, sa jumelle pouvait elle aussi avoir peur. Allira avait toujours été son modèle de force, mais même quelqu’un de fort pouvait avoir des failles.

Amalia serra ses doigts gourds pour les réchauffer et oubliant momentanément son cœur qui se fendait, elle répondit à sa sœur.

Comment pourrais-je oublier la moitié de moi-même ? C’est impossible breda. Qu’importe la distance et les événements, tu ne dois pas douter que je serais toujours présente, quoi qu’il arrive. Et je n’hésiterai pas une seule seconde à le cogner avec une poêle s’il s’avise seulement de te faire du mal.

Ce qui, pour la pacifique Amalia, était une menace à prendre au sérieux.

Sur ces entrefaites, un nouveau venu fit son apparition à leur table. Dom Orain fit les présentations en bonne et due forme et Amalia tiqua quand il annonça l’identité du plus si inconnu Dyan Alton.

C’est ce Dyan Alton? demanda-t-elle mentalement à Allira.

Il était vraiment… vraiment… enfin voila.
Pour une coïncidence, c’en était vraiment une belle ! N’avaient-elle pas parler justement de lui le matin même ?

- Aucun inconvénient, dom Dyan. N’est-ce pas breda ? Dit-elle à Allira en attirant discrètement son attention du coude.

Voilà qui allait apporter un peu d’animation à cette soirée.

J'étais sortie de l'entretien avec Keith de Neskaya totalement chamboulée, retournée, mais surtout épuisée mentalement, physiquement et j'étais percluse de douleurs dans le bas ventre, une horreur. J'avais mangé et j'avas passé l'après midi à dormir dans la chambre d'auberge que ma vieille servante avait réservée pour moi le temps de mon entretien.

J'avais eu un sommeil agité et peu réparateur, la seule consolation avait été de sentir la présence réconfortante de Rouky à mes côtés. Je me suis finalement effondrée et c'est ma servante qui m'a réveillée. Pas de bain, l'auberge était débordée et ne pouvait satisfaire tout le monde. Je me suis nettoyée à l'eau froide pour essayer de me réveiller et de faire partir les cernes de fatigue et les marques des pleurs sur mon visage, ce fut presque une réussite, presque seulement.

J'ai fini par me préparer, sobrement, simplement et ayant bien compris j'ai laissé aux bons soins du fils de l'aubergiste mon renard, il n'avait rien à faire à part le surveiller et faire en sorte qu'il ne quitte pas la chambre. Il avait mangé et était sorti. Je partis donc pour rejoindre le banquet avec toujours une sourde angoisse en moi, j'avais cru comprendre dans les paroles de Keith que mon laran était finalement intéressant mais j'avais peur qu'il ne veuille que je ne rejoigne sa tour.

Quand débuta le discours, j'avais glissé ma main dans celle de ma vieille servante, tremblante et quand mon nom fut annoncé je restais bouche bée, j'avais été retenue et ... et je rejoignais Arilinn, pas Neskaya, quel soulagement. Je réfléchis un instant et me souvins avoir vu le gardien d'Arilinn, il était beau, magnifique même et si... étrangement apaisant, j'étais soulagée réellement, j'en aurais presque pleuré, presque.

De joie, d'excitation je me décidais donc d'approcher des tables destinées aux travailleurs des tours, c'était mon droit et je me devais d'y manger dès ce soir pour signer mon entrée dans ce monde mais... je me suis pris les pieds dans ma propre robe et j'ai trébuché une fois de plus, comme à l'habitude et je suis tombée sur...

D20 :
1 - Auster / 2 - Irmelin / 3 - Roz / 4 - Lyana / 5 - Kelyan / 6 - Iarlaith / 7 - Amalia / 8 - Callista / 9 - Raul Gabriel
10 - Tomas / 11 - Octavia / 12 - Dyan / 13 - Emun / 14 - Rafael / 15 - Ystvan /16 à 20 au choix d'un guide sadique

Le membre 'Cleindori Ardais' a effectué l'action suivante : Appel du destin

---

'D20' :

Résultat : 19

La journée avait été agréable et déambuler dans la foire reposant dans le fond. J'étais content d'avoir recroisé Dyan, c'était une bonne surprise, bon bien sûr quand on avait compris que le gamin avait profité de sa fuite pour prendre la bourse de Iarlatih cela avait été moins drôle.

Nous avions pris le temps de nous préparer, enfin surtout Callista bien entendu. Je m'étais néanmoins rasé de près et j'avais mis une belle tenue toute propre et quasiment neuve des plus élégantes, enfin pratique serait le terme juste. Au bras de  @Callista Storn  je suis arrivée sur l'esplanade ou devait se tenir le banquet du soir. Nous n'étions pas des proches du Dom Orain, pas des travailleurs des tours mais des nobles néanmoins alors nous avions une table juste à leur côté. Nous sommes passés saluer le Seigneur Orain et nous présenter brièvement comme le veut la coutume pour le remercier d'avoir organisé ses fêtes. J'installais ma soeur et je m'apprêtais à faire le tour de la table quand un groupe est passé à côté de nous.  

Je me suis littéralement retourné devant cette femme, immense, altière, drapée dans du velours bleu comme la couleur de ses yeux, rares étaient les femmes de ma taille qui pouvaient se targuer d'être belles. Dans mon esprit, je lui réservais une danse de choix, il fallait que je dans avec elle. Peut-être avait-elle senti mon regard car  @Rosalys Hastur  se tourna un bref instant dans ma direction. J'esquissais un sourire et inclinais la tête respectueusement.

Puis aussi vite que cela était arrivé  je me tournais vers Callista pour m'installer à ses côtés. Nous avons écouté la moisson et j'ai soupiré.

- Je suis bien heureux de n'avoir pas eu à subir ce genre d'affront public. Non seulement certains pensaient avoir assez de laran pour rejoindre une tour et un cercle officiel mais ils se retrouvent juste ignoré simplement. Je les plains en un sens.

Mon laran relatif me suffisait amplement. Posant un regard inquiet sur elle je demandais.

- Ne regrettes tu pas de n'être pas allé dans une tour?

Bon quand je voyais Mikhail se pavaner en terrain conquis et que je pouvais presque entendre soupirer les donzelles, j'étais soulagé que Callista ne soit pas à la Tramontane.

Octavia était dans la foule, à écouter les discussions de la foule en attendant le résultat des nominations. Elle était à proximité d'Irmelin, la seule personne familière et appréciée. Dans un 1er temps, à l'annonce qu'elle partirait pour Hali pour participer à sa reconstruction, la déception se lut sur son visage. 

Elle jeta un regard vers Ranald, le gardien de Hali... Un parfait inconnu pour elle, avec une histoire certainement atypique. Puis son regard glissa vers Mikhail de Tramontane. Pourquoi ne l'avait-il pas retenue ? Avait-elle échouée ou n'était-elle pas à la hauteur de ses attentes ?!

Enfin, elle se tourna vers Irmelin et lui adresse un sourire franc et chaleureux. 

Nos chemins vont continuer dans la même direction et c'est un réel plaisir pour moi de poursuivre avec toi. Comprends tu les choix (et les non-choix) qui ont été faits ce soir ? Ou aurais-tu du moins un début de théorie à me partager ? Ranald ne nous a pas adressé la parole de la journée et ne nous connait pas. Et pourtant, il nous a choisi. Je ne comprends pas je t'avoue. 


Elle prend soudain conscience de son impolitesse.



Mais au fait ?! Comment s'est passé ton évaluation au fait ? Qui as-tu rencontré déjà ?!

@Cleindori Ardais se sentait en joie, elle intégrait la tour et surtout, pas celle de Neskaya avec ce Gardien qui l’avait fait souffrir en plus d’être peu avenant. Elle rejoignait la tour d’Arilinn, avec le beau gardien si apaisant !
Tout allait dans le meilleur des mondes. Cleindori se sentait pousser des ailes. Elle mangerait avec les travailleurs des tours ce soir, ce qui voulait dire qu’elle pouvait approcher cette table d’habitude inaccessible pour le commun des mortels, même Comyn pour le peu qu’on ne soit pas un seigneur ou un parent proche de l’un d’entre eux. 

Mais la réalité de la vie revenait à elle, elle qui devait composer avec sa maladresse et ce depuis toujours. Cette maladresse qui arrivait toujours au mauvais moment. Les pieds dans ses jupes, elle trébucha et pour ne pas s’étaler de tout son long, elle attrapa la première chose à portée de main. La veste d’un jeune homme qui faisait le service à table. Un rôle important surtout quand on est préposé à celle du Seigneur.
Cleindori agrippée au vêtement du jeune serveur, l’entraina avec elle, dans sa lamentable chute. Le plateau de viande rôtie vola pour s’écraser au sol. Le jeune homme se releva rapidement pour aider la maladroite. Fort heureusement, personne n’avait été éclaboussé ou assomé…
 

-       Veillez m’excuser Damisela… Vous allez bien ? Pardon, pardon... 


Il épousseta la robe de Cleindori, confus. 

Impavide, j'avais écouté le discours et les annonces du gardien de Neskaya, prenant garde à ne pas me laisser envahir par l'atmosphère fébrile qui agitait la foule rassemblée pour boire les paroles d'une poignée d'hommes parmi les plus puissants des Cent-Royaumes. Je les considérais un moment, m'arrêtant une fraction de seconde supplémentaire sur mon oncle Lorill, puis souris légèrement en entendant le prénom de Cleindori. Nul doute qu'elle serait sans doute ravie d'aller faire sa vie à Arilinn si c'était là une possibilité qui s'offrait à elle. Il faudrait que je la retrouve pour la féliciter même si je peinais à entendre l'intérêt d'une vie passée cloitrée entre les murs d'une tour, si prestigieuse soit-elle.

Néanmoins, étant arrivés tardivement, il convenait que nous allions tout d'abord saluer notre hôte, Orain Leynier. Accompagnée de notre groupe, je m'avançais jusqu'à la table d'honneur. Je laissais mes aînés le remercier pour son hospitalité avant de m'incliner devant lui en arborant un sourire convenu.

Ecoutant d'une oreille des discussions compassées qui ne me concernaient guère, je laissais mon regard errer sur l'assistance, sans réellement chercher à reconnaître quelqu'un. Ce soir, l'on fêtait enfin les récoltes, à l'occasion de cette nuit d'équinoxe, et il était certain que les présents sauraient saisir l'occasion pour en remercier leurs dieux...Quant à moi, je doutais franchement de l'intérêt qu'une fausse idole comme Arduenna pouvait bien porter aux pommes de Syrtis ou à l'orge des paysans de Neskaya. 

Je finis par m'installer à table, accompagnée de ma belle-mère, non loin d'un groupe que je ne connaissais pas (@Callista Storn @Dorian Storn) et que nous saluâmes. Tout en lissant les plis de ma robe de bal, aux couleurs argent et ébène, je glissai une main jusqu'à l'une de mes poches pour serrer les grains de mon chapelet et réfléchir une seconde aux bienfaits dont le Saint-Porteur-des-Fardeaux avait bien voulu nous combler en cette soirée théoriquement propice aux remerciements.

Je finis par sortir de mes pensées alors que domna Carlina s'adressait à moi pour me montrer quelqu'un qu'elle désigna du menton. Mon regard s'arrêta un instant sur le gardien de Neskaya - bel homme au demeurant - pour vite fuir, avant que je ne rougisse, vers la cible des remarques de la dame Ardais. Mon attention fut très rapidement attirée par le spectacle d'un plateau de volaille rôtie qui vînt s'écraser entre notre table et celle de dom Orain. Avec, pour clou du spectacle, ma cousine @Cleindori Ardais.

- Tout va bien, ma cousine ?! Sacrée chute.