La fête de Mabon

J’avais toujours le regard plongé dans sa matrice, mon monitorage était inefficace voir inexistant mais au moins, ma concentration m’avait permis de rentrer en contact avec la moitié de mon être.

L’entendre me rassura même si dans le fond je percevais sa peur.

- Aie confiance bredilla, je suis à tes côtés et tu n’es pas seule.

Comme je ne pouvais pas m’en empêcher, chassez le naturel il revient au galop.

- En plus d’Emun, il y a un gardien qui vient de s’installer pour venir t’aider… J’en ferai bien mon quatre heures et plus.

Autant essayer de l’amuser, de la faire rire en ces instants difficiles.
Sentant le contact de Ian, j’esquissais un oui de la tête.

- Je la perçois et je peux lui parler, elle n’est pas loin enfin, je sais pas comment ça fonctionne mais elle est la et elle a peur Ian. Mais son esprit est présent, je peux la sentir.

Je ne m’occupais pas plus des autres intervenants ou furies, Amalia était ma préoccupation, ensuite…

C'était certain que des spectateurs auraient pu dire combien j'étais naïve, innocente mais c'était ainsi. Oui j'étais sûrement trop gentille et les petits papillons qui semblaient vouloir s'agiter dans mon ventre auraient du me mettre la puce à l'oreille.

Je l'aidais à se relever, il portait sur son visage qu'il avait souffert et qu'il peinait à s'en remettre. Quelle chance j'avais de ne pas être empathe en un sens. Déjà que je me découvrais télépathe et adepte de la téléportation, le monde tournait trop vite pour moi et mes frêles épaules.

Ses mots me déchirèrent le coeur.

- Allons Kelyan vous passerez outre ce souvenir douloureux.

Je voyais son embarras et je ne savais pas comment l'aider parce que je n'avais à coeur que cela, l'aider. Et lorsqu'il parla je fus prise d'un étrange fou rire, discret mais réel. Etait-il sérieux? Son regard me disait que oui mais... Mais pouvais-je accorder cela à cet inconnu, croisé quelques heures avant tout juste?

Mes joues avaient virés cependant au cramoisi, belle couleur qui ressortait bien avec ma peau claire et mes cheveux roux. Néanmoins, il était maintenant debout et je réalisais que je n'avais pas détaché mes mains des siennes. Je ne savais plus quoi faire, comment réagir, mes repères étaient perdus entre mon désir de lui faire plaisir, lui et son si beau regard et mon éducation bien ancrée en moi. Les secondes s'égrenaient doucement sans que je ne réussis à choisir.

Mon regard se tourna vers la place, plus loin, nous étions à l'écart sans lanterne au dessus de nous, bercés par la nuit étoilée. La musique avait repris, les gardes embarquaient la fauteuse de trouble malheureuse. Des gens reprenaient la danse, d'autres soignaient les blessés. Et qu'allais-je faire? Demain j'entamerai une nouvelle vie, une vie seule dans un nouveau lieu, j'allais découvrir un autre univers, faire honneur à mes parents. Mais ce soir.

Je regardais mes pieds quand je répondis dans un murmure.

- D'accord...

Il me prendrait dans ses bras, cela n'entacherait pas mon honneur ni ma virginité je n'étais pas niaise à ce point.

La douleur la fit pliée. Après s’être débattue pendant quelques secondes avec le col de sa robe, Amalia passa la main de sa cou puis vers la douleur atroce qu’elle ressentait, mais sous ses doigts, rien de tangible ne venait expliquer cette souffrance soudaine. À quoi s’attendait-elle dans le Surmonde ? Devenait-elle folle ? Sans le contact avec sa jumelle, peut-être serait-elle restée prostrée de cette façon pendant un temps infini. Mais Amalia s’accrocha au lien ténu qu’elle avait retrouvé avec sa jumelle. L’entendre plaisanter sur le physique des hommes autour d’elle lui donnait une illusion de normalité à laquelle elle se raccrochait. On s’habituait à tout, même à la douleur, ou peut-être se découvrait-elle des ressources insoupçonnées de courage ?

Tu n’as que l’embarras du choix donc...

Il lui fallait maintenant encore un peu plus de courage pour faire ce qui devait l’être. Allira avait parlé d’un Gardien, était-ce celui qui s’était occupé de Lyana ? Amalia repoussa cette idée assez rapidement : aucune chance qu’un homme qui aurait pu être leur grand-père attire les bonnes grâces de sa jumelle. Elle perçut l’image mentale projetée jusqu’à eux et elle se concentra sur cette image ainsi que sur le point de « rencontre » que le-dit Gardien représentait. Amalia se remit sur ses deux pieds, toujours consciente de la douleur, mais décidée à la mettre momentanément de côté pour enfin quitter cet endroit de malheur.

Accompagnée d’Emun (HJ : je t’embarque avec moi), elle avança jusqu’au « phare » et s’annonça mentalement, tant au Gardien qu’à sa sœur. Elle craignait un peu ce qu’elle allait découvrir en réintégrant son corps, mais tout valait mieux que de rester coincée dans ce marasme grisâtre.

Elle l'encouragea en lui disant qu'il irait mieux et qu'il oublierait ce souvenir douloureux. Oui, on pouvait oublier un souvenir douloureux mais on ne l'effaçait jamais totalement et Kelyan aurait pu le lui dire. Mais il n'en fit rien alors qu'elle riait doucement. 

Ce son aurait pu suffire au bonheur du jeune homme car ne disait-on pas, femme qui rit ... mais il sentait que la maxime ne serait pas valable cette fois et qu'elle devait avoir un peu plus d'encouragements pour se laisser aller à une étreinte. Il se contenta donc de l'observer sans juger sans non plus relâcher totalement ses traits tendus par l'ancienne douleur. Car c'était déjà terminé chez lui et il n'attendait qu'une chose, que la soirée se termine bien.

Il la regarda alors qu'elle fixait ses pieds et elle ne put voir le sourire de victoire qui s'afficha un très bref instant sur les lèvres de Kelyan. Il l'attira alors contre elle et les dissimula un peu plus.

"Merci Cleindori, vous êtes vraiment une Damisela remarquable."

Il ne pourrait pas faire autre chose que de la serrer contre lui, mais, c'était déjà ça. Et il ferma un instant les yeux en songeant qu'il aurait aimé pouvoir se réconforter plus encore. Mais c'était trop et il ne devait pas en abuser. 

"Je chérirais longtemps le souvenir de cette soirée, je vous suis à jamais redevable."

Il ne l'avait pas laissée et continuait à la garder dans ses bras.

Le jeune homme en face de Keith avait hurlé et tenté d'intervenir pour protéger la jeune femme mais cela avait été vain. Le gardien de Neskaya avait fait son choix dès qu'il s'était dirigé vers elle et l'aide de son frère cadet avait été appréciée.

Il avait laissé Dyan gérer le jeune garçon, après tout il n'était responsable de rien, il était au mauvais endroit au mauvais moment et avait souffert par les actes inconsidérés de cette folle comme tous en ce soir de fête qu'elle avait failli gâcher totalement.

Une fois Leandra hors de la vue du gardien, il invita Tomas à se relever, il n'allait pas le soigner au sol. Il fit se déplacer le jeune homme à la table des laranzus et l'invita a ôter son vêtement en partie brûlé, sans jamais le toucher lui même. (brûlé au niveau des mains et avant-bras du coup j'imagine?)

- Je vais vous monitorer, couper la douleur liée aux brûlures et forcer la régénration d'une partie de vos cellules pour que vous ne gardiez pas de séquelles de ces blessures. Je ne pourrais rien faire pour les cicatrices, elles seront présentes mais non handicapantes je vous le promets.

Cela étant dit il attrapa sa matrice, un laranzu s'était rapproché pour veiller à ce que personne n'approche mais dans le fond personne n'avait envie de venir ennuyer Keith de Neskaya. Il plongea son regard dans sa matrice et la douleur de Tomas reflua en quelques minutes, qui lui parurent durer malgré tout une éternité. Celle ci partie il vit ses chairs changer petit à petit de couleur, retrouvant une couleur plus claire, moins rouge, moins boursoufflées. Il n'allait pas perdre l'usage de ses précieuses mains il le comprit. Sans avoir de maitrise du laran il comprenait vu la sueur sur le visage du gardien, qu'il avait su saisir la bonne opportunité, un autre qu'un gardien n'aurait jamais soigné aussi profondément ses brûlures et si vite. Cela dura néanmoins une bonne demi heure avant que Keith n'estime avoir terminé son oeuvre et fait tout ce qui pouvait l'être.

Il rangea sa matrice et par réflexe s'épongea le front.

- Evitez de travailler de vos mains dans la semaine à venir, dites que cet ordre est mien si jamais quelqu'un souhaiterait qu'il en soit autrement. Evitez durant cette période de tremper vos mains longtemps sinon votre peau va se détacher et celle du dessous dont j'ai accéléré la réparation ne sera pas encore fonctionnelle.
Cela étant dit il inclina la tête et laissa Tomas pour aller manger plus loin au calme sans plus se soucier de ce qu'il se passait sur la place ou des regards qui l'observaient en coin et avec peur.

Malgré moi je savais que je ne devrais pas être là, dans ses bras, et pourtant je n'avais pas la moindre envie de me trouver ailleurs. Ne me prenez pas pour une enfant stupide, je n'avais pas eu de coup de foudre, mes parents m'avaient conté le leur enfin surtout ma mère en de nombreuses occasions. Et non ce n'était pas cela mais je me sentais spéciale aujourd'hui. Spéciale parce que j'avais finalement du laran, qu'une tour voulait de moi et parce qu'un jeune comyn, en âge d'être marié s'intéressait à moi, l'éternelle maladroite. Pour tout cela je me sentais différente en ce jour, l'aube d'une nouvelle s'ouvrait à moi et je voulais en profiter jusqu'à la lie enfin de manière raisonnable.

J'étais donc dans un état d'esprit étrange, bercée de mes convictions, de mon éducation irréprochable et de ce sentiment étrange que de trouver félicité à être dans les bras d'un homme mais pas ceux de mon père ou frère.

Mes mains étaient posées sur le veston de Kelyan et ses bras m'enserraient, j'étais trop proche de lui assurément mais par chance il était bien plus grand que moi et mon regard rivé sur son col de veste. Je souris de nouveau à ses mots et répondit amusée.

- C'est un beau mensonge que vous m'offrez de me faire croire remarquable dom Kelyan et je vous remercie pour cela, je m'en souviendrai moi aussi.

Je n'avais pas bougé d'un centimètre non plus. Ma réticence était centrée dans une lutte de mon esprit, personne ne pouvait le savoir que j'avais envie de faire durer ce moment hors du temps et de ma réalité et l'idée que je devais m'éloigner.

La musique avait repris et les rires de la place remontaient, comme si l'horreur passée était facilement oubliée grâce à la joie. Je soupirais parce que je ne parvenais pas à me décider. Néanmoins je pris le risque, de virer au cramoisi le plus complet et relevais mon visage pour voir celui de Kelyan. Son cou, son menton, rasé de près, ou alors il était comme mon père peu barbu naturellement. Ses lèvres, son nez et je n'osais au final regarder ses yeux.

- Il faudrait .. que nous y retournions.

Que ces mots avaient été durs à prononcer, briser ce moment était un crêve coeur pour moi.

 
 
 
 

 
 

Qu'on était bien dans les bras d'une jeune femme. Kelyan s'y serait perdu et abandonné totalement s'ils n'avaient pas été aussi exposés. Car même s'ils étaient éloignés du centre de la place, n'importe qui pouvait arriver et les déranger en pleine séance de réconfort. Il ne se faisait aucune des réflexions de la jeune femme et il profitait tout simplement de l'instant présent. 

Il n'avait pas menti, elle était tout bonnement remarquable, pas forcément dans le bon sens du terme mais elle l'était. Il ne pensait pas qu'une jeune femme se laisserait aussi facilement embarquer dans ses bras, mais elle était jeune et Kelyan savait, parfois, dire les mots pour plaire. 

"Ne vous dévalorisez pas toujours Cleindori, vous devez prendre confiance en vous maintenant que vous allez à Arilinn."

Oui, cela il n'avait pas forcément besoin de le dire et de le rappeler mais en même temps il ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qu'elle allait devenir une fois à la Tour. Il n'était pas du tout du genre à y aller mais ... pour la revoir... et la serrer dans ses bras en souvenir du bon vieux temps, pourquoi pas. Et que le bon vieux temps ne soit qu'une soirée cela n'était pas grave. 

Il la regarda alors qu'elle levait les yeux vers lui et un instant il eut envie de lui répondre que oui, ils devaient y aller et de l'emmener dans son auberge. Mais ce n'était pas ce qu'elle voulait dire et il entendit très bien qu'elle proposait d'y retourner, retourner au milieu de cette place. Il s'éloigna très légèrement en lui souriant.

"Moi aussi j'en ai envie Cleindori, mais est-ce bien convenable ? Mais soit."

Il se pencha vers elle et effleura ses lèvres d'un chaste baiser avant de lui caresser la joue. Ce n'était pas ce qu'elle avait demandé, mais elle avait parlé si bas qu'il n'avais pas pu l'entendre. Et elle était tellement innocente qu'elle ne le repousserait pas pour son geste, il avait confiance. Peut-être profitait il trop de la situation cependant et une pointe de remord aurait pu poindre s'il avait quelque chose à se reprocher. Il s'éloigna à regret avant de reprendre la parole.

"Nous devrions retourner sur la place maintenant."

J’avais retenu assez facilement ce jeune homme qui s’égosillait à hurler le prénom de la malheureuse. Aurait-il préféré la voir mourir ? Dans tous les cas, j’étais bien heureux de voir que les flammes, loin d’être naturelles et qui flambaient sur les bras  de celui que je tenais, disparaître grâce à l’intervention du frangin. Je venais d’y laisse une cuisse, il était hors de question que je sacrifie mes mains. Mon corps est mon outil de travail après tout.
 
Je pus relâcher la brindille, il s’était calmé et avait accepté de se faire soigner. Je les ai suivi puis abandonné, je n’étais plus indispensable. Ma cuisse me brulait j’ai donc rejoint une autre table où m’asseoir et j’éprouvais quelques difficultés à le faire. La brûlure n’était pas grave en soit, mais bien étendue, ce qui était bien ma veine. Mes entrainements allaient être compliqués, voire impossible les prochains jours. J’ai interpelé un serviteur pour qu’il apporte un broc d’eau et une bouteille de firi. Ainsi je verserai l’eau sur la blessure et viderai la bouteille de firi pour faire passer la douleur. Je verrai demain pour que quelqu’un me donne de quoi me soulager. 
Avoir un frère Laranzu et se voir totalement oublié quand on avait besoin de lui... Il saurait le lui rappeler à l’avenir.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Qu’il lui paraissait simple à Kelyan de se sentir en confiance, je n’étais pas comme lui c’était tout hélas. Je n’avais jamais eu grande confiance en moi et le fait que la majorité de mes actes, tentatives diverses et variées se terminent en catastrophe n’y était pas pour rien.
J’entendais ses mots mais même en les sachant emplis de la vérité je n’y croyais pas moi même, il me faudrait du temps à Arilinn pour me sentir mieux, plus à l’aise, moins… moi en somme.

- Qui vivra verra dit-on, je doute de faire exception à la règle, mais merci.

Je n’avais toujours pas esquissé le moindre geste, profitant pour tout dire du moment présent, loin du regard inquisiteur de ma gouvernante ou de ma tante, voire même du regard sévère de ma chère cousine Maura. Néanmoins je ne compris pas les mots de Kelyan. Il en avait envie mais ce n’était pas convenable? Mais retourner après des autres était la bonne chose à faire pourtant?

J’en étais là de mes profondes réflexions quand je sentis qu’il se baissait vers moi. Par réflexe je relevais un peu ma tête et je croisais son regard alors qu’il effaçait les quelques centimètres qui nous séparaient. Son visage se rapproche du mien et je sentis son souffle léger avant que ses lèvres n’effleurent les miennes. Ce contact ne dura qu’un infime instant en réalité et pourtant il me sembla être magiquement long. Je frissonnais de surprise et de satisfaction et je savais déjà que mon coeur de jeune midinette venait d’être frappé de son premier coup de coeur pour ce quasi inconnu audacieux. Il se releva, s’éloigna et me libéra de son étreinte.

J’en aurais soupiré de dépit pour me montrer honnête mais ses mots me ramenaient à la réalité. Oui nous devions y retourner. J’acquiesçais d’un simple signe de tête avant de murmurer un “merci”.

Quand j’aurais pris du recul je réaliserai combien ce mot était mal à propos mais sur le coup je n’en voyais pas d’autres. Nous avons donc repris chemin vers la grand place pour arriver sur un lieu qui reprenait vie et activité. Ma gouvernante affolée tournait en rond en me cherchant, hurlant presque qu’elle avait perdu son bien précieux. Me voir la soulagea tellement qu’elle omis de me crier dessus.

Je lui expliquais que nous nous étions éloigné pour fuir les flammes et je montrais ma robe qui avait des marques de brûlé comme presque tout le monde au demeurant. Puis je la pris dans mes bras. Je me tournais enfin vers Kelyan et m’inclinais avec déférence.

- Merci pour votre protection Dom Kelyan, puissiez vous profiter des festivités de Mabon comme il se doit maintenant.

Me tournant vers ma gouvernante je lui annonçais que je retournais manger un peu, j’avais grand appétit.

Je me sentais assez inutile en réalité, j’avais saisi le lien qui m’unissait à ma jumelle et je lui parlais, à défaut de pouvoir l’aider, je sentais que ma présence la rassurait en un sens. Elle savait maintenant qu’elle n’était pas seule et que des gens compétents étaient présents pour l’aider.

Je ne pouvais quitter du regard ma matrice de peur de perdre mon lien avec Amalia mais je me permis un sourire pour Ian, il était doux et prévenant et je comprenais que j’avais de la chance et que j’allais devoir lutter contre mes démons intérieurs ou mauvaises habitudes si je voulais le préserver et ne pas le blesser à l’avenir.

-Merci Ian pour tout.

Je sentis le contact rassurant de sa main sur mon dos et cela me confirme mon idée de rester forte pour Amalia, je devais garder le lien pour elle, pour la soutenir dans cette étrange épreuve. Comment était-elle arrivée dans le surmonde?

Comment était un mystère, je vis Amalia ouvrir ses yeux en grand, elle était de retour. Je sentis un poids oppressant s’ôter de mes épaules. Je souris en l’observant et je rangeais ma matrice, ne pas faire de bêtise avec ça.

Bredilla, comment te sens-tu?

Bien sûr je la vis grimacer et je n’avais pas réalisé jusqu’à lors qu’elle était brûlée, pas vu cela hélas.

Mais… par Aldones, tu es brûlée, cela doit te faire souffrir.

Keith n’avait pas une éternité à soigner Tomas. Il avait laissé le jeune homme reprendre sa route et s’apprêtait à gagner la table pour manger un peu, passage obligé pour tout travail du laran, même lui n’avait pas trouvé comment se passer de cette étape fastidieuse.

Il avait vu son frère partir sans dire un mot, tête basse, sourcil froncé et nul besoin d’empathie pour savoir qu’il était contrarié. Un regard vers lui pendant les soins lui avait permis de voir qu’il boitait, mais en bon Alton, @Dyan Alton n’avait rien dit, ne s’était pas plaint le moins du monde. Keith avait esquissé un sourire, oui un des rares qu’il offrait parfois au monde, un gratuit, venant du coeur, de ce qu’il lui restait dirons les mauvaises langues.

Il se dirigea donc vers la table de Dyan qui prenait de l’alcool, bon moyen pour oublier la douleur. Il s’installa non pas en face mais sur le banc à ses côtés.

Est-ce que je peux encore regarder cette jambe ou est-ce trop tard Dyan? Je m’excuse je n’avais pas fait attention. Et oui je sais que c’est une mauvaise chose mais je doute de réussir à changer dorénavant.

La main sur son sachet de soie, prêt à soigner Dyan et lui faire oublier la douleur afin qu’il profite des festivités.

Mikhail avait ramené tout le monde et il allait ranger sa matrice parce qu’il avait fait ce qui devait l’être et qu’il n’avait rien de plus à faire en cet instant sauf que. Il réprima un soupir de désespoir en un sens en voyant que la jeune blonde était sacrément brûlée, comme Emun finalement, mais Ranald allait se charger d’Emun non?

Une autre semblait avoir mal mais il s’en désintéressa car moins brûlée. Bon il allait mériter sa boisson dans peu de temps!

Matrice toujours en main, il adressa son plus sourire à Amalia, charmeur comme il savait l’être à ses heures perdues.

Allez le plus dur est passé croyez moi, vous perdre dans le surmonde n’était pas la meilleure des idées en cette soirée mais j’imagine que vous n’avez rien contrôlé. Probablement la douleur provoquée par cette blessure. Ne bougez pas damisela, je vais couper le feu et vous pourrez ensuite vous relever.

Avisant la copie blonde et son protecteur il ajouta.

Veillez à ce que personne ne me dérange. Si Keith de Neskaya vous a effrayé je peux faire pire.

Il aurait pu rire de sa connerie mais était-ce un mensonge? Néanmoins dans le silence, il oeuvra et soigna Amalia, la brûlure avait cessé de la lancer, fini l’envie de hurler, de s’arracher la peau.

J’en ai fini damisela. Vous allez pouvoir vous relever mais la fête est finie. Vous rentrez chez vous où la où vous devez aller. On doit vous mettre un corps gras et du coton tissé très finement. Cela devra être changé toutes les 6 heures les premiers jours sinon vous garderez des cicatrices épaisses et douloureuses surtout.

Cela étant dit il rangea sa matrice, se releva, épousseta sa tenue et prit la direction du buffet et des boissons!

Ethan s’approcha de Rosalys, même si la cape recouvrait ses épaules, il ne pouvait concevoir de la laisser ainsi grelottante dans ce champ de foire empli de tensions et de douleurs.

C’est normal, c’est le moins que je puisse faire Roz.

Il l’avait observée en train de se serrer dans la cape et avait souri doucement, elle était magnifique dans tout ce qu’elle faisait à ses yeux, depuis… toujours.

Il savait qu’elle ne comprenait pas ce qu’il venait de faire à savoir laisser une partie infime de la douleur de la jeune femme passer en lui. Elle n’était pas empathe et ne pouvait le ressentir, mais il savait que ce qu’il avait ressenti, c’était un peu de douleur qu’il lui avait épargné.

Le peu qu’il pouvait pour cette pauvre enfant. Si seulement il avait vu plus loin, si il avait cherché plus loin pour voir les possibilités. Hélas il ne pouvait pas tout voir, tout observer, tout analyser, aussi mi chieri qu’il fut il n’en demeurait pas moins limité dans ses pouvoirs.

Il avait senti les doigts de Roz sur son poignet, son phare dans un océan de douleur et il s’était amarré à sa lumière pour rester présent. Il avait souri et sa seconde main avait enserré celles de Roz. Il profitait de sa chaleur, car même trempée elle était plus chaude que lui.

Nous sommes le fruit de nos erreurs et de nos doutes. Regarde nous, j’ai douté, j’ai hésité et… sans ton courage nous serions encore proche mais éloignés. J’ai besoin de toi et j’ai besoin de ne pas songer à Keith.

Et les derniers mots avaient été dit avec une fermeté qui n’était pas à son habitude.

- Rentrons à la tour, je vais demander aux kyrri de te préparer un bain et nous pourrons passer le reste de la soirée ensemble.

Si la première chose qu'elle voyait à chaque réveil pouvait être le magnifique visage de sa sœur, Amalia se serait envoyée elle-même dans le Surmonde à n'importe quelle occasion. Mais pas avec cet air mi inquiet, mi soulagé. Son regard vola une demie seconde sur Ian derrière avant de revenir sur Allira. Comment allait-elle ?

- Mal...

Et c'est à cet instant précis que la réalité lui revint en pleine tête. La douleur, l'impression de sentir sa chaire se décomposer, cellule après cellule, la douleur. Amalia ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit, comme si ses cordes vocales n'avaient pas encore été rebranchées, comme si elle avait tellement exprimé son supplice dans le Surmonde que maintenant de retour dans le monde réel, elle n'en était tout simplement plus capable. Amalia manifesta sa souffrance simplement en serrant le bras de sa sœur, les yeux dans le vague.

Quelqu'un parla, attirant son attention, la détournant un instant de la douleur. Amalia l'écouta, mais le sens des paroles ne passa pas entièrement la barrière cotonneuse qui entourait son esprit. Du reste, comme tout ce qui s'était passé, elle y penserait très certainement plus tard. La seule information d'importance qu'elle comprit, c'était qu'il allait la soigner. Qu'elle n'allait peut-être plus souffrir. La gratitude inonda ses veines et elle relâcha la pression sur le bras de sa soeur au même rythme que la douleur refluait et devenait petit à petit un mauvais souvenir.

Après ces souffrances qui lui avaient parues durer une éternité, Amalia goûta à ce retour à la normale avec reconnaissance. Peut-être un peu trop... Elle n'eut pas le temps de remercier son sauveur que ce dernier s'était éclipsé, non sans l'avoir gratifié de quelques conseils cliniques pour soigner sa brûlure au mieux. Prise d'une inspiration qu'elle ne pourrait sûrement jamais expliquer, Amalia se redressa et retrouva une position verticale quoi qu'un peu flageolante de prime abord.

Merci d'avoir veillé sur moi breda. J'ai encore une chose à faire avant de rentrer. - Je dois le remercier, ajouta-t-elle à haute voix cette fois pour que Ian puisse profiter de ses explications.

Après une dernière pression sur le bras de sa jumelle et un effleurement mental envers son fiancé (il était resté auprès de sa sœur et d'elle par extension, il méritait presque autant son remerciement), Amalia se détourna et prit le même chemin que le gardien. Il avait un peu d'avance sur elle, mais la jeune fille n'eut aucun mal à le rejoindre près du buffet et des pichets de vin mystérieusement saufs. Les choses avaient plus ou moins repris leur cours, mais les abords immédiats étaient plutôt tranquilles.

- Je... merci, je vous suis redevable pour votre aide. S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous en retour, je le ferais sans hésiter.

Et comme pour chaque télépathe, il put très bien sentir qu'il n'y avait ni mensonge ni hésitation dans ses propos.

 

 
 
 
 

 
 
 
 
 
 

Rafael n'aurait rien eu contre quelques danses mais même lui comprenait que le laranzu pourrait se passer de l'exercice. Qu'Aldones fasse qu'il ne se trouve jamais en pareille situation !

Lorsque leurs regards se croisèrent, Rafael eut une micro seconde de doute. Il ne portait pas les Tours dans son coeur, encore moins après ce que Francesco lui avait annoncé, et surtout il se demanda si ce n'était pas une manière comme une autre d'en apprendre plus sur les Lindir. Puis le doute disparu. Si quelqu'un avait voulu en apprendre plus sur Lindir, il n'aurait certainement pas envoyé un laranzu. Une leronis peut-être, mais certainement pas le gardien de Dalereuth. Surtout qu'ils ne prévoyaient pas de grandes discussions, c'était à parier son épée.

Mon voyage jusqu'ici aura donc ses bons côtés...

La main de Rafael recouvrit celle de Francesco et déjà leurs plans partaient à l'eau. Le laranzu se leva tandis que Rafael restait assis comme fasciné par les flammèches qui semblaient faire le tour de l'assistance.

Je grimaçais alors que ma moitié revenait vraiment à elle, je n’étais pas empathe, loin s’en fallait mais j’avais mal pour elle à cause ou grâce à notre lien particulier gémellaire. Ma main caressait son doux visage, je ne pouvais guère faire plus hélas pour l’heure.

Je voyais bien qu’elle peinait à reprendre pied, mais quoi de plus normal après cette expérience assez particulière qu’elle venait de vivre, pourquoi donc avait-elle fini dans le surmonde?

J’entendis ses mots mais sans vraiment les comprendre dans un premier temps mais son regard se portait sur le beau gardien de la Tramontane et malgré moi je souris.

Coquine…

C’était une plaisanterie, je savais que cela n’avait aucun rapport mais faire sourire ma soeur était le moyen de l’aider à avancer selon mes idées.

Mon regard se porte alors sur Ian tandis que je me servais de sa main tendue pour me relever et ensuite m'épousseter.

- Eh bien quelle charmante soirée.

Je posais alors mon regard sur @Raul-Gabriel Hastur et lui dit, d'une voix emplie de reconnaissance.

- Je ne vous remercierai jamais assez de m'avoir prévenue de la situation et d'être resté ainsi pour les protéger tous les deux.

Je parlais tant de ma soeur que d'Emun. Il semblait aller bien, son gardien l'aidait, l'avait soigné, je lui souris, il était pour moi un doux souvenir du passé, enfin doux pas forcément, mais il avait une place particulière et serait pour toujours le "premier".
Avisant ma cousine je l'observais @Lyana di Asturien et fini par demander.

- Comment te sens tu?

Pas que je m'inquiétais totalement, elle semblait aller correctement, pas de blessure apparente du moins.

- Je pense que tu devrais rentrer en même temps que nous chez Dom Orain. La soirée a été épuisante pour tout le monde et tu as besoin de repos. Demain tu risques d'avoir une sacré migraine si tu ne dors pas ton comptant cette nuit.

Cela étant dit mon regard coula sur Ian.

- Quand à toi... Tu vas nous accompagner car il n'est pas question que tu laisses des jeunes femmes seules. Je vais coucher ma soeur et ma cousine et... pour ma part je ne manque pas du tout de sommeil !

Mikhail avait fait son oeuvre, il avait répondu à la demande de la jeune OCtavia et s’estimait en droit de maintenant profiter de la fin de soirée. Il était en train de se servir un verre quand revint vers lui la jeune femme. Avait-elle un souci qu’il n’avait pas vu? Il resta interdit un instant alors qu’elle le rejoignit.

Il l’écouta, prêt à ressortir sa matrice mais sourit finalement.

- Ce n’est rien, c’est normal damisela. Ce que vous pouvez faire en retour c’est vous reposer, que votre soeur, j’imagine qu’elle l’est forcément… vous applique un baume gras et du tissu tissé large, pour que vos brûlures ne vous lancent pas trop. J’ai éteint le feu et les douleurs mais dans quelques heures le frottement des tissus sera compliqué à supporter. Vous allez devoir rester allitée deux ou trois jours avant de pouvoir vous lever et reprendre le cours de votre vie. Mais je me souviendrai de votre proposition damisela?

Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd, elle était jolie, pas de catenas, pas une gamine non plus, bref… Il pouvait avoir des idées pour l’avenir.

Dyan avait la chance rare d’être le cadet de Keith, et peu importait qu’ils n’eurent pas la même mère, ils avaient été élevé ensemble, le même sang coulait dans leur veine et cela avait de l’importance pour le froid gardien.

- Le gardien? Tu fais erreur. C’est juste ton grand frère qui s’inquiète de toi. Le gardien n’a que faire des gardes insouciants, tu le sais bien non?

Il observa la brûlure sans pour autant s’émouvoir vraiment, cela se soignerait sans souci pour lui.

- Couper le feu, faire en sorte que tu ne ressortes pas avec des chairs boursouflées aussi, je peux le faire en effet.

Matrice en main il se mit au travail avec sa précision coutumière, rien ne devait être laissé au hasard, surtout pas pour son frère. Dyan aurait une marque, les chairs n’aimaient pas les brûlures mais il ne souffrirait pas. Son travail fini il rangea sa matrice.

- C’est bon c’est fait. Demande à une servante de ton oncle de mettre un corps gras dessus et un tissu pour éviter les frottements avec ton pantalon si tu comptes repartir demain ou après-demain. La peau n’aura pas eu le temps de se renouveler encore.

Il prit le verre et trinqua.

- A cette soirée pénible à souhait, ces gens inconstants qui n’ont d’autre occupation que de nous gâcher le rare temps libre que nous avons et à nous surtout !

Le verre fut vidé d’une traite, Keith grimaça malgré lui, le manque d’habitude maintenant.

- Alors dis moi comment se porte Marilla?

Ethan pour sa part considérait que Roz avait eu un courage qu’il savait ne pas posséder. Il aurait pu et du faire tant de choses, mais il avait toujours choisi le chemin qui l’éloignait de tous les conflits. C’était dans sa nature d’être ainsi différent du commun des mortels et de ne trouver nul plaisir dans le fait de hausser le ton, de devoir s’imposer ou montrer son autorité. Non pas qu’il n’en fut pas capable mais il voulait faire autrement.

- Mabon a été le meilleur des guides ce soir.

Ses doigts frais glissés dans ceux de Roz il se sentait bien, apaisé pour une fois, comme si le grand plan de sa vie étrange se mettait en place, que des pièces maîtresses du puzzle s’encrastraient à la perfection, dessinant la scène de l’avenir espéré.

Le sujet de Keith fut balayé et il en fut content. Un jour, les choses seraient différentes et il y aurait des décisions à prendre, encore plus dures que celle prise ce soir car elles n'impactent pas que sa propre vie, mais ce tournant de l’histoire n'était pas encore arrivé. Il y avait encore du temps avant de la roue ne tourne et ne puisse plus être stoppée.

Roz avait lâché sa main par réflexe pour prendre la direction de la tour et Ethan l’avait reprise.

- Oui un bain, mais chaud. Tu pourras t’y délasser, te détendre aussi, je serai à côté si tu as besoin de moi ou envie que je sois près de toi tout simplement.