La fête de Mabon : Du côté de Neskaya

J’étais en colère oui, elle était en train de monter en moi et de m’étouffer littéralement et comme toujours je faisais payer tous ceux autour de moi, j’étais méchante et désagréable dans ces moments-là, je le savais mais… cela n’y changeait rien… Je n’allais pas lutter contre moi-même après tout !

J’avais écouté Amalia, pour tout dire je ne me souvenais pas plus de nos cousins avant que je ne parte en tutelle chez notre oncle et Amalia ne les connaissait donc que par mes dires et les pensées et souvenirs que j’avais échangé avec elle.

Mais la tout de suite c’était mes parents , nos parents, c’étaient eux qui n’avaient rien dit et nous avaient envoyé ici insouciantes. Oui nous savions que ce serait un de nos derniers moments ensembles, dans nos têtes nous étions ici pour cela mais sans savoir à quel point cela était juste au final. Bien sûr que Ian ne mentait pas, il était cabot, joueur, mais honnête, mais cela me semblait sur le coup tellement… imprévu !

Quand il me contacta mentalement j’ai failli repousser ses pensées mais il ne le méritait pas je le savais bien et ses mots… Je voyais son air penaud, je savais qu’il était gêné même sans être empathe. Il était maladroit et j’étais un oudrakhi en un sens.

L’annonce de la date, du solstice n’était que confirmation, je n’avais pas besoin de temps, c’était futile mes paroles, mon trousseau était quasiment prêt, il ne restait que quelques pièces à préparer. Pour tout dire j’en avais préparé une bonne partie avec ma tante quand j’étais là bas, c’était presque drôle non ? Elle m’avait conseillée sur les broderies, les coutures, pour que le lit de son fils soit bien fait finalement.

J’ai bien entendu les propos de Korwin et j’ai compris que mon emportement avait mis tout le monde à mal. Je soupirais, mes épaules se sont affaissées, ma colère c’était envers mes parents qu’elle était destinée. Alors je franchis les trois pas qui me séparaient de Ian et je le pris dans mes bras, comme on le faisait entre parents, rien d’inconvenant. Je restais ainsi près de lui quelques instant avant de déposer un baiser sur sa joue, chaste, les apparences allons !

C’est moi qui suis désolée, je ne t’en veux pas Ian, c’est … rha c’est pas toi qui n’a rien dit. Mais eux… ils vont m’entendre.

Je me reculais et mon regard se reposa sur le marchand, et il brilla.

- Pour danser ce soir nous pensions nous offrir ces deux colliers avec Amalia.

Je les montrai et ajoutai

- 5 Reis est bien le plus que nous voulions payer. Mais ils iraient si bien avec nos tenues pour le banquet…

Voilà, j’étais une jeune femme et on m’avait appris qu’il fallait savoir ce qu’on voulait dans la vie. J’allais me marier, les dés étaient jetés mais j’aurais ce soir un beau collier et ma jumelle aussi !